LA CLOCHE TROUVÉE IL Y À 20 ANS DANS LE LOIRET SE RÉVÈLE ÊTRE UN TRÉSOR DE LA DYNASTIE MING

La République du Centre, Florent Buisson

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La cloche trônait dans un patio, au coeur d'Orléans, depuis plus de 20 ans. Une pièce d'un mètre de haut, en bronze, sur laquelle sont gravées quatre séries d'inscriptions chinoises.*

« Je l'ai trouvée sous une grange il y a une vingtaine d'années, chez une dame de Cléry-Saint-André, confie, aujourd'hui, le propriétaire orléanais, qui préfère rester anonyme. Cette femme avait besoin d'argent rapidement, et me l'a vendue 5.000 francs... » Féru d'art, l'homme est séduit par l'objet mais il ne cherche pas vraiment à savoir comment il est arrivé là.
Puis, vint ce jour de 2014, où son vieil ami Philippe Rouillac, commissaire-priseur à Vendôme, a l'oeil qui frise en apercevant la cloche, chez lui.

Le propriétaire lui confie alors un dossier. À l'intérieur, des courriers signés de quelques spécialistes français des arts asiatiques, que l'Orléanais a sollicités sans grand espoir il y a plusieurs années. Certains affirment que la cloche aurait été réalisée au XIX^e siècle, au Japon, d'autres au Vietnam, à une autre époque...

Fabriquée entre 1405 et 1585 dans une province vietnamienne

Philippe Rouillac, lui, veut en avoir le coeur net, et profite d'un voyage professionnel au Vietnam, en novembre dernier, pour montrer des clichés de la cloche aux meilleurs experts locaux, rencontrés en France lors de la vente d'une pièce au gouvernement vietnamien, quelques mois plus tôt.

« Je leur ai montré les photos, raconte-t-il, ils étaient comme des enfants autour d'un pot de confiture, et très interloqués par les inscriptions chinoises, gravées sur le bronze… ».

C'est seulement à la fin du mois de mars dernier que le commissaire-priseur français reçoit la traduction des écritures. La cloche y est décrite « dure comme le diamant, fine comme le jade », et l'on apprend qu'elle porte le nom de « Cloche du temple du trésor célébré ». Elle aurait été fabriquée entre 1405 et 1585, pour honorer Bouddha, dans une province vietnamienne de l'empire chinois, alors régi par la dynastie Ming...

Plusieurs temples portent son nom en Chine, le plus célèbre étant le temple de Xi An, ville de la fameuse « armée enterrée ».
« Quelle histoire de fou… », souffle aujourd'hui le propriétaire, à des années lumières de penser que sa cloche, trouvée sous une grange en pleine campagne loirétaine, avait traversé cinq siècles et plusieurs continents...

Les gouvernements chinois et vietnamiens intéressés ?

« Je vais maintenant prévenir les Chinois et les Vietnamiens, explique Philippe Rouillac, pour connaître leurs intentions. Mais il n'y a jamais eu de cloche comme ça sur le marché… ».

L'expert vendra la pièce aux enchères le 7 juin prochain, au château d'Artigny (Indre-et-Loire). Sans élément de comparaison sur le marché de l'art, le propriétaire et le vendeur la mettront à prix autour de 5.000 €. Mais les enchères devraient très vite s'envoler...

Les émissaires du gouvernement chinois, qui viennent d'ouvrir un musée des cloches anciennes à Pékin, et ceux du pouvoir vietnamien, qui cherchent à reconstituer leurs collections, pourraient bien s'arracher ce petit bout d'héritage commun...

Florent Buisson