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PAR MAJORELLE

Vendredi 30 janvier 2015

La Gazette Drouot, Chantal Humbert

Louis Majorelle (1859 -1926), table à thé au sceau de Salomon, bois mouluré et sculpté, reposant sur quatre pieds galbés, réunis par une table d’entrejambe, vers 1900, signée Majorelle, Nancy, 78 x 64 x 41 cm. Frais compris : 6 000 €.
Le Nancéien Louis Majorelle était plébiscité durant cette vente vendômoise. Au décès de son père, Auguste, marchand et fabricant de meubles laqués, il interrompt ses études aux Beaux-Arts de Paris. Prenant la direction artistique des ateliers paternels, il choisira désormais les modèles ainsi que les décors. Aidé des peintres Émile Friant et Camille Martin, il produit d’abord des meubles anciens très estimés. L’entreprise prospérant, il remplace avec succès le décor peint par un motif marqueté d’inspiration naturaliste. Délaissant le mobilier rocaille et japonisant, il se met en quête de formes nouvelles et invente dans les années 1890 un style tout en dynamique, souplesse et modernité. Cette manière lui vaudra bon nombre de disciples telle la firme nancéienne Gauthier-Poinsignon. Louis Majorelle, à la fois ébéniste, ferronnier, décorateur, industriel d’art et vice-président de l’école de Nancy, va ainsi donner corps à un idéal d’art total. En 1898, il agrandit ses ateliers ; s’ouvre alors la période des plus beaux meubles. Notre table à thé, datant de cette époque, était attendue autour de 900 €. Proposée en bon état, elle s’embellit à la ceinture et au plateau de magnifiques feuilles et fleurs du sceau de Salomon. Cette plante, cousine du muguet, est munie de tiges ; lorsqu’elles tombent, elles forment un petit renflement ressemblant au sceau de Salomon. Émile Gallé réalise à la même époque une spectaculaire amphore faisant aussi référence à ces fleurs. Présentée à l’Exposition universelle de 1900, elle s’inspire de «La Rêveuse», un conte du Livre de Monelle , écrit par Marcel Schwob ; prouesse technique, elle éclaire par le biais de la culture juive la position militante de Gallé envers le capitaine Dreyfus, conviction que partage aussi Louis Majorelle. Ces idées progressistes formeront d’ailleurs le thème d’une exposition qui se déroulera au musée de l’école de Nancy, du 9 octobre prochain jusqu’au 25 janvier 2016 : «L’école de Nancy face aux questions politiques et sociales de son temps». Notre table à thé, vivement convoitée entre divers amateurs, était finalement adjugée à un collectionneur de New York contre un particulier français au sextuple des estimations.
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