PLUMES MEXICAINES POUR LE MUSÉE D'AUCH

La Gazette Drouot, Chantal Humbert

Outre un cabinet «aux amours», obtenant à 55 000 € l’enchère la plus élevée, un chef-d’œuvre de l’art plumassier mexicain était l’autre pôle d’attraction de la vente. Provenant d’une collection particulière, il rappelle une technique singulière des arts décoratifs précolombiens, répandue sur le plateau central du Mexique. Les Aztèques considéraient les plumes comme des pierres précieuses. Utilisées comme monnaie d’échange, elles symbolisent la puissance, la richesse et la noblesse. Grâce au nombre et à la multiplicité des oiseaux, elles sont joliment mises en scène dans des tableaux que créent les amantecas. Découverts au XVIe siècle par les conquistadors, ils sont envoyés en Espagne, où ils soulèvent l’enthousiasme de la cour, et de la reine Isabelle Ire de Castille elle-même, et entrent dans de nombreux cabinets de curiosités européens. Les missionnaires franciscains, désireux de propager la foi chrétienne au sein du continent américain, vont aussi les mettre au service de l’évangélisation de la Nouvelle-Espagne. Les amantecas réalisent alors des objets, des vêtements liturgiques ainsi que des tableaux religieux. D’une trentaine de centimètres et d’une extrême rareté, une Sainte Trinité et la Sainte Famille avait été ainsi adjugée, le 9 juin 2013 à Cheverny chez cette même étude Rouillac, 220 000 €, au musée des Jacobins à Auch. C’est cette même institution qui a préempté notre sainte. Création plus tardive – son visage a été peint –, proposée dans un excellent état et affichant une grande fraîcheur, elle est proche d’un médaillon datant du XVIIe. Celui-ci, reproduit dans El arte plumaria en Mexico de Teresa Castelló Yturbide, représente sainte Jeanne Françoise de Chantal, fondatrice de l’ordre de la Visitation. Ainsi, à l’initiative de son conservateur, Fabien Ferrer-Joly, le musée d’Auch se range aujourd’hui parmi les premiers musées européens exposant plusieurs tableaux en plumes en provenance du Nouveau Monde.

Vendôme, dimanche 18 janvier.
Rouillac SVV.

Lot 156, vente du 18 janvier 2015 »