VENTE AUX ENCHERES DES RELIQUES DE LA DYNASTIE DES NGUYÊN.
Mercredi 18 juin 2014
VAN HOA, journal Vietnamien
Vente aux enchères des reliques de la dynastie des Nguyen
Epineux problème du droit de préemption
Deux surprises de taille se sont invitées à la vente aux enchères de la maison Rouillac lorsque le prix du lit impérial de l’empereur Thành Thái s’est imposé à 124 fois de son prix de départ (frais inclus) alors que le pousse-pousse de l’impératrice- mère Từ Minh a augmenté de plus de 27 fois. Le fait marquant est que le Viêtnam a voulu se porter acquéreur des deux objets, le marteau est tombé mais à la dernière minute, la représentante du musée Guimet a usé de son droit de préemption pour se porter acquéreur pour le musée français.Selon les nouvelles données par le collectionneur Gérard Chapuis (celui qui a acheté le tableau « Déclin du jour » de l’empereur Hàm Nghi, participant au téléphone lors de cette vacation), le lit impérial (lot 84) a un prix de départ de 1.000 euros alors que le pousse-pousse était à 2.000euros, prix de départ très modeste.
La vacation du vendredi 13
A 15 heures, le vendredi 13 Juin 2014, au château de CHEVERNY, le cabinet Rouillac présente au public une vente de 85 lots (du numéro 1 au numéro 18, ce sont des objets antiques et sculptures, du 30 au 64 les arts premiers, du 80 au 85 les arts d’Asie, le numéro 86 étant un lot revendu sur folle enchère suite à la défaillance de l’ancien acquéreur). Pour les vietnamiens, l’attention se porte surtout sur les deux derniers lots, produits à usage impérial ayant appartenu à la dynastie des Nguyên. Selon Monsieur Philippe Rouillac, la maison n’a pas de précédents concernant les ventes d’objets de provenance impériale vietnamienne mais ces objets peuvent atteindre les prix avoisinants la somme de 10.000-20.000 euros.J’ai demandé une ligne téléphonique anonyme et le 13/6, pour être complètement sûr,je me suis également mis en « live » sur internet au cas où, à la dernière minute, il y a problème. Tout m’indique que les feux sont au vert pour l’acquisition de ces pièces. Pourquoi ? Car la publicité de ces objets me semble bien spartiate (simplement parce que l’hebdomadaire Gazette de Drouot n’en parle point), la vente Cheverny n’est pas spécialisée dans l’Art asiatique(sur 85 lots, 3 lots seulement concernent l’Asie), le prix de départ est plus que modeste traduisant un manque d’intérêts et le plus important est la méconnaissance de la culture vietnamienne, le collectionneur Gérard Chapuis s’émeut.
La surprenante vente voit le prix du lit impérial s’envoler à 124.000 euros frais compris. Le collectionneur Gérard Chapuis n’a pu se porter acquéreur mais est satisfait et fier que l’objet reviendra à un membre de la famille impériale vietnamienne. De même, le pousse-pousse a été acheté par un représentant de l’ambassadeur du Vietnam à Paris au prix de 55.800 euros frais compris… Il n’y a rien à dire si ce n’est que Madame Katia Mollet (responsable des expositions du musée Guimet) a opposé le droit de préemption pour pouvoir garder le précieux objet sur le sol français. Ce qui veut dire que l’Etat vietnamien sera exproprié malgré le fait que le représentant vietnamien a pu s’installer dans le pousse-pousse pour des poses photo souvenirs comme étant le nouveau propriétaire.
La bataille diplomatique ou le cadeau diplomatique ?
De pratique commune, le musée Guimet a 15 jours à partir du 13/6 pour donner sa position définitive. Pendant cette période, l’administration peut faire des analyses ou des recherches historiques complémentaires ainsi que de revoir ses finances.Dans l’histoire des ventes aux enchères, certaines antiquités du Cambodge se retrouvaient dans la même position, le gouvernement cambodgien avait prouvé leur ferme intention de se porter acquéreur et les résultats leur étaient favorables. C’est pour cela que l’Ambassade du Vietnam à Paris doit tirer profit de ces quinze jours (à moins que ce soit à un niveau politique supérieur) pour démontrer leur ferme intention d’en acheter. Le point fort est que ce pousse-pousse appartenait à la dynastie des Nguyên et son retour pour exposition à Huê est plus discursif. Le Vietnam peut encore remporter la mise si son combat diplomatique est assez adroit.
Toujours selon le collectionneur Gérard Chapuis, d’après Monsieur Aymeric Rouillac (Maison de vente Rouillac), l’obtention du pousse-pousse sur droit de préemption par le musée est pour son exposition temporaire « L’envol du dragon-Art royal du Vietnam » du 9/7 au 15/9/2014 ; à la fin de cette exposition, celui-ci rejoindra les réserves du musée.
Monsieur Aymeric ajoute : « Quelques années auparavant, alors que la famille Prosper Jourdan avait eu l’intention de faire don au musée Guimet, elle n’a obtenu qu’une fin de non-recevoir. Pour cette exposition temporaire, le musée a décidé d’user de son droit de préemption pour en acheter. Le représentant du Vietnam a proposé de prêter au musée jusqu’à la fin de l’exposition s’il a l’autorisation se porter acquéreur mais a essuyé un refus. Monsieur Aymeric nous soumet sa vision des choses pour que le pousse-pousse revienne à Huê : soit il y aura une bataille diplomatique soit le pousse-pousse devient un cadeau diplomatique pour le Vietnam à la fin de l’exposition du musée Guimet.