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LE PREMIER EMPIRE CONTRE-ATTAQUE

Vendredi 30 mai 2014

La Renaissance du Loir & Cher, Frédéric Sabourin

Renoncourt sous le marteau des Rouillac
Le célèbre antiquaire parisien Jean Renoncourt raccroche et vend son fonds Empire. Du 13 au 15 juin prochain à Cheverny, cela ne sera pas Waterloo mais plus probablement Arcole.

Aymeric Rouillac et Jean Renoncourt


C’est une institution qui s’arrête. Un monument « Le fleuron du quai Malaquais, » selon Jacques Chirac. À 90 ans, après 75  ans d’activité, le doyen des antiquaires parisiens Jean Renoncourt renonce. Installé depuis le milieu des années 70 à l’angle des quais Voltaire et Malaquais et de la rue des Saints-Pères rive gauche face au Louvre, il a choisi Philippe et Aymeric  Rouillac pour adjuger son fonds. Lustres, candélabres, consoles, sièges estampillés, pendules de style Premier Empire.  Pourquoi eux plutôt que les deux géants Christie’s ou Sotheby’s, qui ont du frémir à l’annonce de la nouvelle ? « Les Anglais,  c’est bien. Le seul inconvénient, c’est qu’ils sont Anglais… » dit malicieusement le vieil homme. La guerre de Cent ans n’est toujours pas terminée…

Lustre corbeille à couronne, style Empire.


Un lustre de la Maison Blanche
Empire et Restauration, Jean Renoncourt a débuté dans la brocante de ses parents, aux puces de Saint-Ouen. « J’ai commencé à balayer la boutique, à 13 ans. Après, j’ai acheté un balais neuf… » Les puces : une bonne école. Lorsqu’il se lance seul, après guerre, il est un pionniers de ce style. Une époque où le mobilier, pour gagner en confort, avait fait un sérieux régime en devenant plus léger. « Il n’y avait pas vraiment de cote, dit-il, alors c’est un peu moi qui l’ai faite. » Les Trente Glorieuses feront le reste, et les clients prestigieux aussi. Grâce de Monaco, André Malraux, Charles Aznavour, Jacques Chirac : les grands noms se succèdent dans la boutique du 23 quai Malaquais. En 1972, participant pour la première fois à la Biennale des Antiquaires, il expose un piano de Franz Liszt. Il a eu aussi en sa possession la chambre de Talleyrand. Un lustre des ateliers Pierre-Antoine Bellangé, commandé en 1817 par James Monroe, président des États-Unis. « J’ai eu des objets fabuleux, confie-t-il, mais on ne peut jamais faire de pronostics, si vous achetez des choses bien, elles seront toujours bien. »

Le spécialiste du mobilier Empire.


La dernière vente à Cheverny
Aymeric Rouillac, qui animera les enchères du 13 au 16 juin prochain dans l’orangerie du Château de Cheverny, indique pour sa part que « C’est un mobilier pas facile à vendre, c’est la raison pour laquelle il est exposé ici quai Malaquais depuis janvier, et il sera présenté à l’hôtel de ville de Tours du 4 au 6 juin. » La 26e vente de Cheverny sera aussi la dernière dans ces lieux qui ont vu la destinée Rouillac s’envoler jusqu’à des records d’enchères par le passé. « Nous quittons Cheverny, mais nous savons où nous allons aller ensuite. Nous restons en Val de Loire, » jure-t-il. Jean Renoncourt ne regrette pas de se séparer de son fonds : «Oui, c’est vrai, j’ai eu tout ça et je vais m’en séparer, dit-il. Mais je ne regrette rien, en définitive tout cela ne m’appartient pas, ces meubles doivent vivre encore.» « Sous l’Empire, on se battait, mais on s’envoyait aussi des cadeaux » conclue-t-il. Il ne fait guère de doute qu’on va se presser mi-juin à Cheverny pour se faire plaisir. Environ 180 objets seront présentés, sans prix de réserve. Qui dira mieux ?

Des photos à vous faire tourner la tête !
Jamais à cours d’idée, le trio Rouillac Philippe, Christine et Aymeric ! Une innovation, une première même dans le marché de l’art : des photos en trois dimensions, à 360°, visibles sur leur site Internet (www.rouillac.com). Des prises de vue inédites de Nicolas Roger, photographe spécialiste du marché de l’art et habitué de la maison Rouillac. Concrètement, l’objet est posé sur une sorte de guéridon tournant, sous la lumière, et Nicolas Roger effectue 36 photos, le tout assisté par ordinateur. Elles sont ensuite traité avec un logiciel spécial, et mis en ligne. Le visiteur du site peut à son tour faire tourner l’objet, agrandir pour voir des détails quasiment invisibles à l’oeil nu. Essayer, c’est l’adopter.
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