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"IL FAUT ÊTRE UN HOMME ORCHESTRE"

Vendredi 06 avril 2012

Collectionneur et Chineur

"Comment devenir commissaire-priseur Des pros vous racontent leurs parcours... et bien plus !" Aymeric Rouillac, commissaire-priseur à Tours, réponds au questions de la Rédaction.


Vos études ne vous prédestinaient pas à être commissaire-priseur ?
"Petit-fils de Maitre Jean Lelievre, commissaire-priseur à Chartres, je participe très jeune avec mes frères aux ventes aux enchères que nos parents, Philippe et Christine Rouillac, organisent a Vendôme et à Chevemy Lors de nos vacances, notre père nous emmène, souvent à nos corps défendant, à travers tous les musées d'Europe, des États Unis, de France et de Navarre ! Après mon baccalauréat Économique et Social en 1998, j'entre à la faculté de droit de Paris ll Panthéon-Assas avec une idée en tête "Le droit mène à tout, à condition d'en sortir." Je voyage à travers le monde pendant mes années de licence et de maitrise, étudiant par correspondance grâce au régime d'examen final. Je profite de cette liberté sans égale que l'on a à vingt ans. De retour en France j'entre à l'Institut d'Études Politiques de Paris, où j'étudie les relations internationales et le journalisme, ce qui me vaut de parcourir l'Irak en guerre en marge d'un stage à l'ambassade de France en Syrie. À 24 ans, je suis embauché par le groupe pétrolier Total comme charge de communication sur les questions de risques industriels. Jeune marié de Cécile, je travaille parallèlement pour des magazines télévisés "Côte Jardin" sur France 3, "Le magazine du cinéma" sur Canal + et interviens régulièrement dans des émissions de Paul Amar sur France 5."

Votre examen,  toujours en famille !
"En 2007, mon père découvre qu'il est atteint d'un cancer foudroyant Quatre opérations lourdes se succèdent en 20 mois Je mets entre parenthèses ma vie parisienne pour aider mes parents et m'investis avec plaisir dans le métier de commissaire-priseur. Je m'inscris alors au cursus acceléré d'Histoire de l'art à l'Université Pans I Panthéon-Sorbonne et décide tardivement de présenter l'examen d'accès au stage de commissaire-priseur. Je prépare cet examen avec mon cousin Arnaud Lelièvre. Nous le réussissons tous les deux du premier coup !"

Des stages dans plusieurs villes de France ?
"S'ouvre alors une période de deux ans de stages, de cours à l'École du Louvre et d'examens. Mon premier stage a pour théâtre l'étude de Maitre Duhamel, à Béthune. Pendant huit mois, j'arpente les routes du Pas-de-Calais dans l'aspect judiciaire du métier et "cne1 chaque semaine les ventes de centaines de véhicules pour le groupe Five Auction. Mon premier fils, Gabriel, naît alors que nous vivons à Lille. Puis, nous partons à Nantes, où ma femme poursuit ses études. Maîtres Couton et Veyrac me proposent un "stage en or" les aider à organiser la vente de la succession de l'écrivain Julien Gracq. Huit mois plus tard, je rejoins mon père a Vendôme, pour finir cette période de formation, et présente avec succès les épreuves de bon accomplissement du stage "volontaire" et les épreuves "judiciaires".

Vous créez des événements autour des ventes ?
"Je tape mes premiers coups de marteau à Vendôme début 2010, l'année de mes 30 ans, alors que naît notre second enfant, Alys. Mes premières armes, dans le temple familial des enchères qu'est le château de Chevemy, sont pour une série de wagons du mythique train de l'Orient-Express. C'est un joli clin d'oeil à mes voyages d'étudiant J'ai la chance de profiter de la confiance totale et du soutien de mes parents, qui m'associent au capital de leur société de vente. Rapidement, je m'installe en famille à Tours, où nous ouvrons un bureau. J'y anime chaque semaine une journée d'expertises gratuites et propose chaque mois une exposition, une conférence et une vente sur des thèmes varies Mon plus grand plaisir est d'adjuger des objets confies lors de ces journées. Que ce soit un mannequin anatomique étrusque acquis par le musée du Louvre ou un sabre de récompense donné par l'Empereur. Mon objectif est de prolonger le savoir faire familial en y apportant ma patte. Cela passe, par exemple, par la refonte de notre site Internet qui date de l'époque pionnière de 1996, par la mise en place d'un partenariat unique en France avec l'université d'Histoire de I'art de Tours, par la découverte et la légitimation du marche du maitre de l'art brut qu'est Chomo, ou en créant un évènement lors duquel le record du monde pour une photographie ancienne est battu."

Plusieurs métiers en un seul ?
"J'aime ce métier qui est la synthèse des qualités de l'arc-en-ciel révélant le prisme des couleurs lorsque la lumière rencontre la pluie Le commissaire-priseur est, non seulement un chef d'orchestre, mais surtout un homme-orchestre tour à tour bateleur, historien, mondain, homme de main, artiste, manager, communiquant, pilote, webmaster, conférencier, gardien d'exposition ou gardien du temple, comptable, représentant de commerce et faiseur de goûts, découvreur, fiscaliste, écrivain, graphiste, chroniqueur télé ou radio, expert, confesseur banquier, mais surtout passeur d'objets, de sensations, d'histoires et des sentiments qui les accompagnent. Mon métier est l'un des plus vieux métiers du monde, et je croîs qu'il a devant lui le plus radieux des avenirs Au-delà des objets qui nous font vivre, il me parle de ceux qui les ont crées, de ceux qui les ont conservés et de ceux qui vont les aimer. Je suis un passeur et cela est bon '"
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