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LA PASSION D'UNE VIE DISPERSÉE AU COMPTE-GOUTTES

Lundi 10 février 2014

La Nouvelle République, Pascal Denis

Claude et Michaël Chaplin se sont délestés d'un cinquième de leur cave constituée depuis 40 ans. - (Photo NR, Hugues Le Guellec)


Au Moulin fleuri de Veigné, Alain Chaplin a constitué l’une des plus belles caves de Touraine. 2.000 bouteilles étaient vendues aux enchères hier.Sur les bords de l'Indre, à un jet de pierre du château d'Artigny, Le Moulin fleuri de Veigné est réputé pour sa cuisine authentique et son cadre bucolique. Tous les amateurs de grands crus savent aussi que l'établissement propose l'une des plus belles cartes des vins du Val de Loire, avec près de 600 références millésimées.

Pendant 40 ans, le maître des lieux – Alain Chaplin – a constitué une cave exceptionnelle où l'on trouve toutes les grandes années et les plus fameuses cuvées de vouvray, montlouis, chinon, bourgueil et autres touraine. « Le vin a toujours été mon dada. Certaines années, je pouvais acheter 1.200 bouteilles que je m'efforçais de garder en cave pendant cinq ans avant de les mettre à la carte », raconte le cuisinier-caviste qui a cédé son affaire à son fils Michaël.

25.000 € en liquide

Au fil des ans, Alain Chaplin a ainsi thésaurisé près de 10.000 bouteilles triées sur le volet, parmi les plus grands millésimes : 1959, 1976, 1989, 1990, 2005… Un cinquième de ce trésor a été vendu aux enchères hier, sous le marteau du commissaire-priseur, Me Aymeric Rouillac. « Les habitudes de consommation ont changé. Aujourd'hui, avec la crise, les gens préfèrent boire des vins jeunes à des prix abordables. Seuls quelques clients étrangers sont prêts à s'offrir ces grands vins. On ne peut pas se permettre de garder autant de stocks en cave », explique Michaël Chaplin.

Hier, ce sont surtout des amateurs éclairés, des restaurateurs avertis et quelques businessmen français installés à la City de Londres qui ont profité des bonnes affaires proposées par Le Moulin fleuri. Les bouteilles étaient mises à prix au tiers de leur valeur commerciale chez les cavistes. De façon surprenante, la cote de certains rouges s'est envolée. Un lot de huit bouteilles de chinon (Clos de l'Olive 1955) s'est arraché à 570 €. Six bouteilles de bourgueil 1962 (Lamelé Delille Boucard) sont parties à 270 €. En revanche, certains lots de blancs et tout particulièrement de moelleux n'ont pas trouvé preneurs.

Au total, les enchères ont rapporté la rondelette somme de 25.000 €. « Si mon père avait mis son argent en bourse, il n'aurait pas rapporté autant », se réjouit Michaël Chaplin. Comme quoi, les vins de Loire peuvent être aussi un bon placement.

Pascal Denis
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