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Voyage en Égypte

Samedi 29 novembre 2025 à 07h
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Cette semaine, Amélie de Vievy-la-Rayé soumet le plan d’un temple égyptien à notre expertise : l’occasion pour Aymeric Rouillac, notre commissaire-priseur, de nous en dire plus sur l’histoire et la valeur de ce relevé architectural.



L’Égypte est au cœur de l’actualité. En effet, ce mois-ci a été inauguré le Grand Musée Égyptien du Caire, destiné à rassembler tous les trésors de cette brillante civilisation. De plus, il convient de rappeler que c’est un 29 novembre 1922 que l’égyptologue britannique Howard Carter et son mécène Lord Carnarvon ont procédé à l’ouverture de la tombe de Toutankhamon, au cœur de la vallée des Rois. Ils dévoilèrent alors ce qui demeure le plus célèbre trésor pharaonique au monde. Ces grandes découvertes sont ainsi l’occasion de remettre en lumière l’Égypte auprès du grand public.

Nous parlerons donc d’Egypte avec l’objet de la semaine. Il s’agit d’un plan au sol du temple d’Horus à Edfou, ville également mentionnée sous son nom grec « Apollinopolis Magna ». Ce plan est dessiné à l’encre et à la plume, rehaussé d’aquarelles pour les couleurs, et accompagné de légendes pour les différentes pièces du temple ainsi que les diverses époques de décoration. On note en bas de la feuille l’échelle « 0,0035 par m », soit une réduction au 1/285ᵉ. Enfin, en bas à droite, figure la signature de l’auteur : « A. Guérin ». Grâce à celle-ci, on peut attribuer ce travail à Alphonse Théodore Guérin, architecte de formation et fondateur de l’École normale d’enseignement du dessin. Élève de Charles Chipiez, il collabore avec lui sur des dessins relatifs à l’Histoire de l’art dans l’Antiquité, notamment l’Égypte à laquelle Chipiez consacra un ouvrage fondamental en 1882.

L’égyptologie est la science consacrée à l’étude de l’Histoire de l’Égypte. Cette discipline trouve son origine suite à la campagne d’Égypte, entre 1798 et 1801, au cours de laquelle de nombreux savants accompagnent l’armée afin d’effectuer relevés et descriptions des monuments égyptiens. Ces travaux seront compilés entre 1809 et 1821 dans Description de l’Égypte. Toutefois, ce sont des avancées comme le déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François Champollion en 1822, puis les découvertes d’Auguste Mariette, qui contribuent à fonder la discipline. Ce dernier fit désensabler le temple d’Edfou en 1860. Voué à Horus, le dieu à tête de faucon, ce temple est le second plus grand complexe religieux d’Égypte après celui de Karnak. Il constitue également le principal temple de la dynastie lagide, dite aussi ptolémaïque, qui régna de la mort d’Alexandre le Grand à celle de la reine Cléopâtre, entre 323 et 30 av. J.-C. Ce temple, l’un des mieux conservés, est ainsi un condensé de l’histoire architecturale égyptienne et des représentations iconographiques successives.

En effet, de nombreux pharaons faisaient construire des temples et y inscrivaient leur cartouche — c’est-à-dire leur nom royal inscrit dans un cadre sacré —, y compris en réemployant des bâtiments antérieurs. Cette pratique visait notamment à s’approprier une part du prestige de leurs prédécesseurs, mais aussi à s’inscrire dans leur lignée, comme au temple d’Abydos portant les cartouches de Ramsès II et de son père Séthi Ier. Ce type de plan témoigne donc des campagnes architecturales successives sous les différents pharaons.

Concernant votre dessin, Amélie, celui-ci n’a pas été publié dans l’ouvrage de Chipiez sur l’Égypte, Bien qu’il n’y figure pas, il témoigne d’un regard érudit et documenté sur l’Égypte pharaonique. Il serait possible de l’estimer entre 200 et 400 euros. De quoi posséder, chez soi, un fragment d’histoire millénaire.
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