Levons nos verres… avec modération !
Samedi 15 novembre 2025 à 07h
Cette semaine, Brigitte, nous soumet une pièce encadrée représentant une bouteille de Bénédictine. L’occasion pour notre commissaire-priseur, Aymeric Rouillac, de nous en dire davantage sur l’histoire et la valeur de cet objet.

Le monde du vin en particulier et des alcools en général, tourne son regard ce week-end vers la Bourgogne pour la célèbre vente aux enchères des Hospices de Beaune. Organisée chaque année le troisième week-end de novembre depuis 1859, cette vacation attire les plus grands amateurs. Si elle est un bon indicateur du marché international des vins, elle est aussi caritative avec en point d’orgue la vente de la célèbre « pièce du président » appelée également « pièce de charité ».
Si les vignes des Hospices de Beaune étaient cultivées par les moines, telles étaient également le cas d’un certain nombre d’alcools, comme la Chartreuse en Isère à partir du début du XVIIe siècle ou la Bénédictine inventée en Normandie en 1510 par le supposé Dom Bernardo Vincelli. L’œuvre de notre lectrice nous offre un bel aperçu de l’histoire de cette liqueur. L’image composée d’une bouteille et de deux verres sur un plateau d’argent présente au premier plan un papier avec la mention « Bénédictine / liqueur fabriquée d’après la formule / des / Anciens moines Bénédictins ». Si quelques doutes existent quant à la véracité de l’invention par le moine Vincelli et son appréciation par le roi François Ier, il est sûr en revanche que cet « élixir de santé » est développé dans sa forme actuelle en 1863 par Alexandre-Prosper Le Grand à Fécamp. S’il ne faut pas le confondre avec le célèbre roi de Macédoine, il est en revanche un négociant en spiritueux hors pair qui connait la fortune grâce à son excellente liqueur. L’alcool est alors fabriqué et commercialisé de manière industrielle au sein du « Palais Bénédictine ». Regardez bien le décor du vase, où figure en effet le palais-usine de style néo-gothique érigé par l’architecte Camille Albert. 150.000 bouteilles sortaient de ses murs chaque année. Le succès est tel que de nombreuses contrefaçons tentaient d’imiter le produit.
La pièce encadrée de Brigitte n’est a priori pas une œuvre inédite. Malgré une signature de l’artiste « Louis Tauzin », nous avons à faire à une chromolithographie, c’est à dire une lithographie réalisée en plusieurs couleurs. Ces affiches publicitaires vantent l’intérêt du breuvage normand ! Par conséquent, il faut estimer cette estampe autour de 30 euros, soit à peu près le prix d’une bouteille… de Bénédictine !
