Elle roule et a demandé 8 000 heures de travail

Le Parisien, Christian Panvert

Une Mercedes 300 SL Gullwing unique au monde sera vendue aux enchères ce dimanche à Tours. Cinq ébénistes et mécaniciens ont mis 8 000 heures à construire la carrosserie en teck de ce véhicule mis à prix 15 000 euros.

Spécialisé dans la fabrication de meubles de style, Rémi Le Forestier reproduit des pièces historiques pour les châteaux. C’est son équipe qui a aussi réalisé le bureau d’Emmanuel Macron pour le musée Grévin à Paris. Dans son atelier de Château-Thierry (Aisne), il a également sculpté dans du bois de chêne une réplique du Resolute Desk, célèbre bureau présidentiel américain. « Il a été installé à Mar-a-Lago en Floride. On l’a fait pour montrer ce qu’est le made in France. Nous voulons cette fois encore marquer les esprits et prouver de quoi sont capables les ébénistes », explique l’artisan, âgé de 40 ans.

L’idée est née en voyant la 2 CV en bois construite par un menuisier charpentier de Loches (Indre-et-Loire) et vendue aux enchères 210 000 euros en juin 2023. Avec quatre amis ébénistes et mécaniciens, il se lance dans ce projet fou durant deux ans.

« On a démonté toute la carrosserie d’une Mercedes E300 de 1989. On a conservé le moteur, la boîte de vitesses et la plupart des pièces mécaniques nécessaires au fonctionnement de la voiture. Sur ce squelette, on a reconstruit une carrosserie en teck parce que c’est un bois imputrescible résistant aux intempéries. Ça nous a demandé 8 000 heures à cinq personnes réparties sur deux ans », précise Rémi Le Forestier.

Mise à prix raisonnable

Surprise, le volant est à droite. Pour quelle raison ? « Au départ, je voulais reproduire une des voitures préférées de James Bond, une Aston Martin DB5. Mais ma fille, qui a visité le musée Mercedes-Benz à Stuttgart, m’a convaincu. Une Mercedes avec ses célèbres portes papillons et un volant à droite, c’est à la fois iconique et unique ! » se réjouit l’artisan.

Le véhicule, exposé tout le week-end au salon « Art au Quotidien » au Palais des Congrès de Tours (Indre-et-Loire), pèse 2,5 tonnes, soit près d’une tonne de plus que le modèle d’origine, présenté pour la première fois au printemps 1954, à New York.

Ce poids du bois alourdit le véhicule et en limite sa vitesse. Il peut en effet monter jusqu’à 80 km/h mais guère plus.

Non homologué pour la route, ce coupé qui n’a pas de carte grise peut rouler sur circuit ou dans des propriétés privées. Trouvera-t-elle preneur ? Le commissaire-priseur Aymeric Rouillac, qui avait déjà réalisé la vente de la fameuse 2 CV en bois en 2023, n’en doute pas. Aujourd’hui, une Gullwing d’origine s’échange généralement entre 1,2 et 1,8 million d’euros sur le marché de l’occasion. Même si aucune comparaison n’est évidemment possible, l’exemplaire unique devrait toutefois facilement trouver preneur, dimanche.

« La mise à prix est très raisonnable. Pour 15 000 euros, on a une Golf GTI des années 1980. C’est un prix d’appel pour qu’il y ait une belle bagarre. Cette voiture intéressera les adultes qui, comme son créateur Rémi Le Forestier, la possédaient déjà en miniature lorsqu’ils étaient enfants. C’est une pièce d’artisanat rare ! » affirme-t-il.

« A 15 000 euros, nous ne rentrerons pas dans nos frais. Nous espérons la vendre à bon prix. Mais ce n’est pas l’argent qui nous motive. C’est avant tout la fierté de montrer notre savoir-faire. Nous voulions relever un défi ! Et si ça marche, pourquoi pas en faire d’autres ! » assure Rémi Le Forestier.

La vente débutera à 14 heures dimanche au Palais des Congrès de Tours. La Mercedes en bois sera exposée vendredi et samedi au Centre des Congrès. Il est même possible de se faire photographier dedans en échange d’un don de cinq euros au fonds de dotation du CHU de Tours.