Singe penseur
Dimanche 26 octobre 2025
Édouard Marcel Sandoz, 1916

Édouard Marcel Sandoz (Suisse, 1881-1971)
"Singe penseur", dit « Singe aux livres », 1919
Bronze.
Signé, avec envoi daté de 1935 "à M. Chavance".
Cachet de fondeur "Cire Perdue Paris E. Robecchi".
Fonte probablement unique.
Haut. 14 Long. 12 Prof. 10 cm.
Provenance :
- collection atelier Édouard Marcel Sandoz, Paris ;
- collection René Chavance (1879-1961), Vitry-le-François ;
- collection Henriette et André Bouygues (1905-1998), Maisons-Laffitte ;
- par descendance, collection particulière, Touraine.
Bibliographie :
- Félix Marcilhac, « Sandoz, sculpteur figuriste et animalier (1881-1971) », Les éditions de l’Amateur, Paris, 1993, classification chronologique n°358 p. 244, classification thématique n°784 MAM/1919-4 reproduit p. 392.
Bébert, « Le Singe aux livres », pour le dernier critique de Sandoz
Artiste animalier le plus emblématique des années 1920-1930, Edouard Marcel Sandoz quitte la Suisse pour s’installer à Paris, où, dès le début des années 1900 il met en place un vocabulaire plastique fait de « simplification des volumes et des plans, éliminant les détails superflus pour ne retenir que les masses principales et obtenir une lisibilité parfaite » (Marcilhac, 1993). Alternant entre la figuration et l’art animalier, il participe en 1919 à la IIIe Exposition des artistes suisses de Paris, à la galerie Arbanères, 372, rue Saint-Honoré. Alors que les temps sont à la glorification des généraux victorieux de la Grande Guerre ou aux monuments aux morts, le sculpteur fait le choix d’envoyer un « Corbeau » en marbre et un « Singe se grattant », que la critique juge « d’une belle inspiration ». Le singe en question s’appelle « Bébert » et l’artiste lui voue une fidèle sympathie, qui l’amène à réaliser cinq statuettes aux poses cocasses extrêmement réalistes. Au milieu des années 1930, Sandoz n’est plus le jeune premier favori de la critique, fer de lance de l’exposition des Arts Décoratifs qui s’est tenue dix ans plus tôt. L’article que lui consacre René Chavance en 1935, dans la revue "Mobilier et décoration : revue française des arts décoratifs appliqués", est en réalité le dernier grand article consacré de son vivant au sculpteur et à ses pierres dures. Le critique lui rend un vibrant hommage, décrivant : "Un monde surprenant, familier, véridique et pourtant cruel ; doué de mouvement et pourtant immobile. Une sensibilité d'artiste et d'ingénieux outils, voilà toute la magie d'Edouard Sandoz." En remerciement, Sandoz fait fondre ce bronze par le fils des fondeurs russes de Troubetzkoy. Cette fonte probablement unique est l’une des versions du singe de 1919, dont le plâtre était précieusement conservé dans l’atelier. Bébert est ici assis sur des livres, comme pour mieux souligner avec une pointe d’ironie l’importance des liens entre critique artistique et création vivante.Aymeric Rouillac
