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Pierres dures !

Vendredi 10 octobre 2025

La Gazette Drouot, Caroline Legrand

Fin du XVIIIe siècle. Pendule néoclassique au vase antique et cadrans tournants, spath fluor et bronze doré, h. 40 cm.
Estimation : 25 000/35 000 €

Utilisé depuis l’Antiquité, le spath fluor a été remis au goût du jour dans l’horlogerie de la fin du XVIIIe siècle, comme en témoigne cet impressionnant modèle néoclassique.

Le spath fluor, ou fluorine, était déjà employé par les Égyptiens et les Romains qui, malgré sa grande fragilité, appréciaient les couleurs spectaculaires de cette pierre calcaire dont la cristallisation donne une palette chatoyante, allant du violine au vert pâle. Des propriétés de purification des énergies négatives lui étaient de plus attribuées. À l’image d’autres pierres dures comme le lapis-lazuli ou le porphyre, il sera remis au goût du jour dans les arts à la fin du XVIIIe siècle, un phénomène porté par le goût retrouvé pour l’Antiquité et par la redécouverte en 1743 des gisements anglais du Derbyshire, qui approvisionnaient déjà Rome aux temps anciens. Leur exploitation redémarre vers 1760. Les marchands-merciers français Poirier, Daguerre et Darnault, grands promoteurs du style néoclassique, en importent et participent à cette mode, dont cette pendule en forme de vase antique, acquise auprès de la galerie Pentcheff à Villefranche-sur-Mer et conservée dans un château du Gard, est un exemple parlant. Les motifs de têtes de mascarons, tore de laurier et serpent enroulé évoquent également les arts antiques. Une pendule similaire est conservée au palais de Pavlovsk près de Saint-Pétersbourg. La reine Marie-Antoinette possédait ainsi une coupe, un gobelet et un sceau dans ce matériau, et le roi d’Angleterre George IV acquit en 1814 auprès du bronzier Thomire un vase. Des pièces rares dans les collections privées.
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