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11 trésors découverts par hasard dans une maison en France qui ont battu des records aux enchères

Mercredi 30 juillet 2025

connaissancesdesarts.com

Votre maison abrite peut-être, sans que vous le sachiez, un trésor ! Connaissance des arts vous raconte 11 histoires extraordinaires d'œuvres d'art découvertes par hasard, puis revendues pour des milliers, voire des millions d'euros.

Un vase que vous tenez de votre mère ? Un tableau suspendu dans une cuisine depuis plusieurs générations ? Des bas-reliefs métalliques dans une armoire du Val-de-Marne ? Les endroits les plus insolites et triviaux peuvent parfois abriter des merveilles oubliées, délaissées ou même méprisées, qui battent ensuite des records lors de ventes aux enchères.

Voici une sélection des 9 découvertes les plus improbables d’objets d’art en France.

1. Un portrait de Marie-Antoinette disparu depuis 100 ans

Un portrait de Marie-Antoinette, disparu depuis un siècle, a refait surface de manière surprenante en Essonne. Initialement appelé La Petite Marquise, le tableau a été redécouvert par Grégoire Lacroix, directeur du département Tableaux et Dessins anciens de la maison de ventes Aguttes, et identifié comme un portrait de la dauphine Marie-Antoinette à l’âge de 16 ans. L’œuvre, attribuée à l’atelier de Duplessis, a été adjugée 175 500 euros le 25 novembre 2021 et préemptée par le château de Versailles. La redécouverte est d’autant plus insolite que l’on ne connaissait ce portrait (dont il existe deux versions) que par une photographie en noir et blanc, la version originale ayant disparu des radars depuis le début du XXe siècle. Cette vente permet donc de redécouvrir les couleurs de cette œuvre plus d’un siècle après sa disparition.

2. Un vase chinois de la période Qianlong vendu 317 200€

Une habitante du Havre voulait se séparer d’un vase en porcelaine chinoise qui, selon elle, n’avait aucune valeur. Après que ses enfants ont refusé de le récupérer, elle l’a fait expertiser en 2022. Estimé entre 15 000 et 20 000 euros, le vase s’est finalement envolé pour 317 200 euros chez Le Havre enchères – Maîtres Mazzoni & Neyt. Ce type de pièce s’inscrit dans un ensemble de productions réalisées pour la cour de l’empereur Qianlong (1736-1795), qui témoignent d’un savoir-faire exceptionnel et d’une recherche de perfection esthétique. Malgré ses imperfections, cet exemplaire a suscité une bataille acharnée entre collectionneurs asiatiques et est finalement retourné en Chine, un siècle après avoir quitté l’Empire. La vendeuse détenait sans le savoir une pièce d’exception.

3. Art sacré et cuisine : découverte d’un tableau de Cimabue, maître de Giotto

En juin 2019, un tableau de Cimabue, intitulé Le Christ moqué, est redécouvert de façon pour le moins inattendue dans la cuisine d’une nonagénaire à Compiègne. Considéré par sa propriétaire comme une simple icône russe, le petit panneau de bois peint avait passé plusieurs décennies accroché au-dessus de plaques de cuisson. Lors de l’inventaire de la maison, la commissaire-priseur Philomène Wolf a identifié le potentiel de l’œuvre et l’a soumises à l’expertise du cabinet Turquin qui a confirmé l’attribution au peintre florentin Cimabue (vers 1240-1302), maître de Giotto.

Cette étude a également permis de comprendre que le panneau appartient à un diptyque, daté de 1280, composé de huit scènes de la Passion du Christ dont seulement deux autres panneaux nous sont parvenus. Estimée entre 4 et 6 millions d’euros, l’œuvre a été présentée aux enchères le 27 octobre 2019 où elle a atteint le prix de vente record de 24 millions d’euros, devenant le tableau primitif le plus cher du monde (et le 8e tableau ancien le plus cher jamais vendu). Classé Trésor national, il est finalement entré au musée du Louvre en novembre 2023 et a été exposé pour la première fois en 2025 dans le cadre de l’exposition « Revoir Cimabue – Aux origines de la peinture italienne ».

4. Une peinture de Jawlensky oubliée dans une salle à manger

Un mystérieux portait a été authentifié à Bayonne : il s’agit d’une œuvre d’Alexej von Jawlensky (1864-1941), élève de Répine et ami de Kandinsky, un peintre rare à la croisée du fauvisme et de l’expressionnisme. En 2021, une famille bayonnaise a fait estimer les œuvres d’un grand-père collectionneur en prévision de la vente de la demeure familiale. Arnaud Lelièvre, commissaire-priseur chez Côte Basque Enchères, l’a tout d’abord estimé 5 000 euros : « En entrant dans la salle à manger, je vois un grand nombre de tableaux au mur, dont ce portrait. Tout de suite je me dis que ce n’était pas un tableau anodin. En le retournant je trouve des inscriptions en cyrillique, ce qui m’indique qu’il s’agit d’une œuvre d’un peintre russe ou du moins d’Europe centrale ». Après plusieurs mois d’étude, Arnaud Lelièvre a pu authentifier l’œuvre et faire grimper son estimation entre 200 000 et 300 000 euros. Cependant elle n’a pas trouvé acquéreur. L’expertise était-elle trop optimiste ?

5. Un tableau du XVIe siècle signé Bernhard Strigel retrouvé dans un grenier à Toulouse

Une huile sur panneau de bois du peintre allemand Bernhard Strigel, datant de 1520 et intitulé L’Ange thuriféraire vêtu d’une tunique jaune, a été découverte de manière inattendue à Toulouse lors d’un inventaire pour assurance. Cette œuvre, oubliée pendant près de 30 ans dans le grenier d’une famille toulousaine, a refait surface lorsque les propriétaires, qui ignoraient tout de sa valeur réelle, ont décidé de la faire expertiser. Le tableau, qui présentait en excellent état de conservation, a finalement été authentifié et mis aux enchères par la maison Artpaugée en 2022, atteignant un prix de 2,8 millions d’euros qui dépassait largement les estimations (entre 600 000 et 800 000 euros). L’acquéreur n’est autre que le Louvre Abu Dhabi, qui possède déjà le pendant de ce tableau, L’Ange thuriféraire, qui fait comme lui partie du retable de Notre-Dame de Memmingen.

6. En Bretagne, une femme possédait sans le savoir un exceptionnel vase chinois vendu plus de 9 millions d’euros

Le 1er septembre 2022, un vase en porcelaine chinois estimé entre 1500 et 2 000€ a été adjugé pour plus de 9 millions d’euros (soit 5 000 fois le prix d’estimation) chez Osenat. Jamais la maison de ventes n’avait enregistré un tel record depuis la vente d’un sabre de Napoléon en 2007 à 4,8 millions d’euros. La propriétaire du vase, une habitante des DOM-TOM, avait hérité cet objet de sa mère, résidente de Bretagne, et l’avait fait transporter à Paris pour expertise sans le voir, et sans se douter un seul instant de sa valeur. Malgré ce prix record de vente, les spécialistes de chez Osenat maintiennent leur position : selon eux, le vase date du XXe, ce qui en fait un objet relativement banal.

7. Disparus depuis 50 ans, deux bas-reliefs rescapés de la destruction des Halles de Paris découverts dans une armoire

En 2022 dans l’armoire d’une maison du Val-de-Marne, deux bas-reliefs en métal des anciennes Halles Baltard de Paris ont été découverts. Construites en 1857 par les architectes Baltard et Callet, les Halles de Paris accueillaient toutes sortes de marchands, permettant aux Parisiens de s’approvisionner aussi bien en viandes et poissons qu’en farine et tissus. Elles ont été détruites dans les années 1970, après avoir été, durant des décennies, l’épicentre de la vie commerciale de la ville. Le commissaire-priseur Christophe Lucien a retrouvé dans un placard ces deux plaques métalliques qui ornaient les anciennes Halles. Ces deux vestiges ont été vendus séparément aux enchères et représentent respectivement une allégorie. L’allégorie de la moisson illustrant une femme portant une gerbe de blé dans une corne d’abondance a été adjugée 41 712 € et les armoiries de la ville de Paris avec un bateau trois-mâts, une couronne de fleurs et la devise « Fluctuat Nec Mergitur » a été vendu 11 376 €. Ces prix dépassent largement les estimations d’environ 3 000€ chacune.

8. À Orléans, un couple possédait sans le savoir un précieux tableau du XIVe siècle dans son appartement

À Orléans en 2023, lors d’un inventaire successoral, le commissaire-priseur Matthieu Sermont a découvert un petit tableau du XIVe siècle, peint par un artiste anonyme de l’école de Sienne. Ce petit tableau à fond d’or, pas plus grand qu’une feuille de format A4, constitue le volet d’un diptyque et représente un calvaire avec le Christ crucifié entouré de la Vierge et de Saint Jean l’évangéliste. Ce tableau compte parmi les trois seules œuvres attribuées au Maître de Monte Oliveto Maggiore à être passé aux enchères depuis une vingtaine d’années. Il a été vendu pour plus de 44 000 euros.

9. Dans les Cévennes, un commissaire-priseur découvre par hasard de rares estampes d’Hiroshige oubliées au fond d’un placard

Frank Puaux, commissaire-priseur, a fait une découverte surprenante alors qu’il réalisait l’inventaire d’une bibliothèque dans une maison dans les Cévennes. Au fond d’un placard, emballés dans du papier journal et oubliés depuis longtemps, se trouvaient trois précieux albums d’estampes du célèbre artiste japonais Utagawa Hiroshige (1797-1858). Ces estampes font partie de collections prestigieuses, notamment de la série Les Cent vues d’Edo. Les albums portent les noms des éditeurs japonais d’origine, Uoya Eikichi et Tsutaya Kichizō (également connu sous le nom de Kōeidō). L’excellent état de conservation de ces œuvres a contribué à leur valeur considérable. Lors de la vente aux enchères organisée le 3 août 2023 à l’Hôtel des Ventes de Nîmes, deux des recueils ont atteint des sommes importantes : l’un s’est vendu pour 115 000 euros et l’autre pour 32 000 euros.

10. À Paris, un commissaire-priseur découvre par hasard un rarissime chef-d’œuvre de Camille Claudel oublié depuis 100 ans

En septembre 2024, lors d’un inventaire de succession dans un appartement parisien situé au pied de la tour Eiffel, le commissaire-priseur Matthieu Semont a fait une découverte extraordinaire : un exemplaire exceptionnel de la sculpture L’Âge mûr de Camille Claudel, oublié depuis plus d’un siècle. Cette œuvre de rupture, qui représente trois personnages nus sur une vague (une jeune femme implorante, un homme et une femme âgée qui l’entraîne), est le premier des six exemplaires fondus par Eugène Blot en 1907.

Après avoir été authentifiée par le cabinet d’expertise Lacroix-Jeannest, cette sculpture, estimée entre 1,5 et 2 millions d’euros, a été mise aux enchères le 16 février 2025 par la maison de ventes orléanaise Philocale. Après une bataille d’enchères intense, l’œuvre a finalement été adjugée à 3 663 000 euros, devenant ainsi la deuxième œuvre la plus chère de l’artiste en salle des ventes, derrière La Valse vendue 6 millions d’euros en 2013.

11. Disparu il y a plus de 120 ans, un chef-d’œuvre de Rodin est redécouvert par hasard

La sculpture Le Désespoir de Rodin, disparue en 1906, a été retrouvée par hasard en juin 2025 dans une propriété près de Vierzon, entre la Sologne et le Berry (Centre-Val de Loire). Les propriétaires, qui pensaient qu’il s’agissait d’une contrefaçon, ont fait expertiser l’œuvre. L’enquête généalogique menée par le commissaire-priseur Aymeric Rouillac a révélé que leurs ancêtres avaient acquis la sculpture au début du XXe siècle par l’intermédiaire de Paul Louis Chevalier, un commissaire-priseur parisien. Le chef-d’œuvre s’est ensuite transmis de génération en génération, restant dans la famille. Il a finalement été adjugé 860 000€ lors de la 37ème vente garden party de la maison Rouillac, ce 8 juin 2025.
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