FR
EN

Lutter contre la soif

Samedi 19 juillet 2025 à 07h

Cette semaine, Laure, l’une de nos fidèles lectrices, soumet un pichet à notre expertise. C’est l’occasion pour Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, de nous en dire plus sur l’Histoire et la valeur de cette céramique.



Avec la chaleur de ces dernières semaines, les recommandations des autorités sanitaires rappellent l’importance de rester bien hydraté et de boire au moins 1,5 litre d’eau par jour. Pour cela, n’hésitez pas à ressortir vos pièces de service à l’instar du pichet de notre lectrice.

De forme hexagonale, il est réalisé en barbotine. La barbotine est une technique de céramique. Elle consiste à utiliser une pâte d’argile délayée dans de l’eau, que l’on applique sur une pièce afin de créer des décors en relief : soit par coulée, soit par fixation d’éléments accessoires. Le pichet de Laure est décoré de fleurs. Les fleurs blanches pourraient rappeler des narcisses et, les rouges des hibiscus. Quant à l’anse, elle reprend la forme d’une branche. On note également la présence d’un numéro, « 3892 », au revers.

Cette technique, très ancienne, était déjà employée par les Romains ou encore sous la dynastie Tang en Chine. Elle connaît toutefois son âge d’or autour de l’année 1900 en pleine période Art Nouveau. En effet, elle permet une production à grande échelle. Ainsi, de nombreuses manufactures, à l’instar de celle de Montigny-sur-Loing, vont utiliser la barbotine pour créer des céramiques aux accents impressionnistes, avec des décors floraux en relief. D’autres passeront maitres dans ce type de décor comme la manufacture de Delphin Massier, celles Minton en Angleterre, ou encore celles de Sarreguemines, Lunéville et Saint-Clément avec ses célèbres pichets animaliers. On retrouve aussi beaucoup de pièces produites par d’autres manufactures parfois plus modestes.

Les motifs, souvent inspirés de la nature et en particulier de la flore, cherchent à concilier naturalisme et esthétique, avec une forte influence des arts asiatiques, en particulier japonais. Ceci s’explique par la mode dite du « Japonisme » qui émerge suite à l’ouverture du Japon à l’Occident dans la seconde moitié du XIXème siècle. Les artistes de l’Art nouveau ont par ailleurs redonné à la céramique une place de choix dans les arts décoratifs. Elle est d’ailleurs devenue l’un des matériaux emblématiques de ce courant, à l’image du travail d’Émile Gallé.
Concernant votre pichet, Laure, il est charmant, mais présente quelques défauts : des fêles de cuisson au revers ainsi que quelques imperfections dans l’émail. De plus, il n’est pas signé et provient sans doute d’une production sérielle. Il convient donc de rester prudent quant à sa valeur, que l’on peut estimer entre 10 et 20 euros. De quoi tout de même vous offrir une bonne bouteille à déguster entre amis avec modération, bien entendu !
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :