Un Rodin, star de la garden-party
Vendredi 06 juin 2025
La Nouvelle République, Pascal Landré

Ce sera la pièce maîtresse de la grande vente aux enchères de la Maison Rouillac, ce week-end, au château de Villandry : un très rare marbre d’Auguste Rodin, que ses propriétaires prenaient pour une copie.
Depuis 2015, début juin, la grande vente aux enchères de la Maison Rouillac avait lieu au château d’Artigny à Montbazon (Indre-et-Loire. La perspective de grands travaux au château hôtel (finalement reportés) a conduit les commissaires-priseursAymeric et Philippe Rouillac à déménager leur vente garden-party annuelle au château de Villandry, mondialement célèbre pour ses jardins à la française.
L’événement, qui figure parmi les plus prestigieux rendez-vous du marché de l’art en France, aura lieu dans l’orangerie de ce fleuron de la Renaissance, du vendredi 6 au lundi 9 juin. Et comme à l’accoutumée, les Rouillac père et fils proposeront à l’assistance un tableau de chasse (aux trésors) remarquable. Avec, en vedette de la vente du dimanche, une sculpture de marbre d’Auguste Rodin, dénichée par Aymeric Rouillac dans un château près de Vierzon (Cher), dans une demeure du Berry solognot.
La famille pensait que la sculpture n’était qu’une copie
Aymeric Rouillac y était venu estimer des dessins de Delacroix avant de remarquer ce nu d’environ 30 cm de hauteur, qui trônait depuis des décennies sur le piano du salon, à côté des photos de famille.Ses propriétaires pensaient depuis toujours qu’il s’agissait d’une copie. Mais le flair du commissaire-priseur s’est révélé payant. Car il s’agit bel et bien d’un authentique marbre sculpté par Rodin, vers 1892-1893, authentifié par le comité Rodin.
Rodin et Claudel réunis sous le marteau
Ce Désespoir, en fait une femme qui s’étire en se prenant le pied, n’est que la dixième sculpture en marbre de Rodin à apparaître sur le marché mondial ces dix dernières années.L’oeuvre qui sera mise à prix au départ de l’enchère à 500.000 € devrait constituer le moment fort de cette vente.
Des acquéreurs ont manifesté leur intérêt, notamment des collectionneurs de Los Angeles Hong Kong et de Suisse.
Quand Rodin réalise cette oeuvre en 1892, il vit une passion tumultueuse tant professionnelle qu’amoureuse avec Camille Claudel. Les deux amants se retrouvent au château de l’Islette, non loin de là, à Azay-le-Rideau. Cette année-là, la sculptrice réalise un buste, La Petite Châtelaine de l’Islette. Camille Claudel sombrera dans la folie quelques années plus tard et s’éteindra en 1943. C’est une fonte posthume de ce buste qui sera présentée à la vente, dimanche 8 juin. « On retrouve le même génie dans la composition et le modelage de l’oeuvre », souligne Aymeric Rouillac.
Le fonds de l’oeuvre du photographe Jean-François Jonvelle
D’autres lots devraient faire monter les enchères comme une paire de bustes baroques, des bronzes du 17e siècle, estimésentre 200.000 et 300.000 €, mais aussi, dans un tout autre style, le fonds de l’oeuvre du célèbre photographe
de nus, Jean-François Jonvelle (1943-2002). D’autres lots d’exception passeront sous le marteau des Rouillac, comme un bijou Ensemble de trois papillons de René Lalique, une toile du peintre Maurice Utrillo La flèche de Notre-Dame de Paris (20.000 à 30.000 €), une commode en marqueterie dite Boulle La Naissance de Vénus.
Une vente sur deux jours de 441 lots au total, qui une fois encore, ne devrait pas laisser public et enchérisseurs… de
marbre.