Vente Garden Party au château de Villandry : un florilège du XVIIe au XXe siècle
Jeudi 22 mai 2025
La Gazette Drouot, Caroline Legrand

Lot n°109 - Commode de la Naissance de Vénus en marqueterie Boulle attribuée à Nicolas Sageot

Lot n°13 - Bonaparte au Pont d'Arcole d'après le baron Antoine-Jean Gros

Lot n° 14 - Assiettes "des Quartiers Généraux" du service particulier de Napoléon Ier

Lot n° 30 - Le Loup par Jacques-Raymond Brascassat

Lot n° 55 - Chapelle par Poussielgue-Rusand

Lot n° 76 - Le Désespoir par Rodin

Lot n°223 - Papillons par René Lalique

Lot n°78 - Glaçons sur l'Oise par Gustave Loiseau

Lot n°81 - Les Bords de la Garonne par Henri Martin

Lot n° 320 - Le Fonds Jonvelle
À l’occasion de la 37e Garden Party, les Rouillac père et fils déménagent au château de Villandry. D’une
commode attribuée à Sageot au fonds photographique de Jean-François Jonvelle, en passant par
la sculpture baroque italienne, ce programme éclectique éveillera toutes les curiosités.
Demeure incontournable de la vallée de la Loire, fleuron de la Renaissance, le château de Villandry offrira un cadre parfait pour cet événement, d’autant que son propriétaire Henri Carvallo connaît bien les commissaires-priseurs Aymeric et Philippe Rouillac, qui l’ont souvent conseillé dans ses achats destinés à embellir les lieux. Les 441 lots qui se succéderont durant ces deux jours de vente devraient ainsi ravir cette famille collectionneuse dans l’âme, qui apprécie particulièrement le mobilier ancien. Si la marqueterie métallique de laiton et d’écaille fut initiée par André Charles Boulle, elle fut aussi utilisée avec maestria par Nicolas Sageot, reçu maître en 1706, installé comme ouvrier libre dans la Grande-Rue du Faubourg-Saint-Antoine, auquel est attribuée une commode dite de « La Naissance de Vénus ». Estimée 50 000/70 000 €, celle-ci est restée jusqu’à aujourd’hui dans la descendance familiale d’Ernest Pariset (1826-1912), l’un des soyeux et historiens lyonnais les plus en vue de son temps, fils d’André-Aimé Pariset, gouverneur de la Guyane et acteur majeur de l’abolition de l’esclavage. « D’habitude, nous présentons des meubles en l’état, mais cette fois, cette commode a fait l’objet d’une restauration récente, précise Aymeric Rouillac. Cependant, elle a été réalisée dans les règles de l’art au château de Frétay par la spécialiste Marie-Hélène Poisson, bien connue dans la région vendômoise. » La profusion du décor de laiton sur fond d’écaille est remarquable, résultat également du travail du marqueteur Toussaint Devoy (mort en 1753), une référence à l’époque dans son domaine, fournissant également des panneaux à Jean-Alexandre Oppenordt. D’une grande rareté, le plateau illustre la Naissance de Vénus. Cette iconographie est présente sur un autre meuble estampillé par Nicolas Sageot, autrefois conservé dans les collections de l'Earl of Lincoln, à Clumber Park (passé en vente chez Christie’s le 16 décembre 1999, sous le n° 50). Sur le thème de la commedia dell’arte, les décors latéraux font quant à eux écho à ceux d’une autre commode conservée à la Wallace Collection de Londres (F408). Ces différents motifs de grotesques nous plongent au cœur de la cour de Louis XIV et du travail de l’ornemaniste Jean Berain (1640-1711).
Le XIXe , de l’Empire à Rodin
Annoncé à 5 000/7 000 €, le portrait de Bonaparte au pont d’Arcole par un artiste de l’école française de la première moitié du XIXe siècle, d’après l’œuvre du baron Antoine-Jean Gros, ouvrira un chapitre consacré à l’Empereur qui se poursuivra avec plusieurs assiettes issues de services impériaux. 10 000/15 000 € sont ainsi prévus pour chacun des deux lots de deux assiettes “à monter” en porcelaine dure de Sèvres, compléments du service particulier de Napoléon I , dit « des quartiers généraux », qui fut livré en 1810 au palais des Tuileries pour le mariage du souverain puis complété au cours des années suivantes. Ces pièces portent des marques indiquant la date du 5 décembre 1811, pour l’une, et du 13 mars 1812 pour une autre. De ce célèbre décor martial – la frise de glaives vert de chrome –, passons à la frise en or raffinée dite « capraire » de quatre assiettes destinées au service de Napoléon I au palais de Rambouillet, de 1808, en porcelaine dure de Sèvres, estimées 6 000/8 000 €.Après les attaques de la « bête du Gévaudan » en 1764 et 1767, la peur ancestrale du «loup» se perpétuera longtemps en France. Au XIXe siècle, elle est notamment illustrée par la toile de Jacques Raymond Brascassat présentée au Salon de 1838 (15 000/20 000 €). D’un réalisme frappant, cette peinture animalière fut saluée en son temps pour sa description d’autres animaux que les chevaux !
Mais ce siècle offre de multiples facettes, évoquées au travers de lots variés : d’une chapelle par Poussielgue-Rusand évaluée à 70 000/90 000 € à un rarissime marbre d’Auguste Rodin, Le Désespoir, à envisager à 500 000/700 000 € (voir couverture de ce numéro page 6). À une époque où l’Église cherche à reconquérir ses fidèles, la fabrication de pièces d’orfèvrerie religieuse tourne à plein régime, et Placide Poussielgue-Rusand (1824-1889) en est l’un des acteurs principaux. Cette impressionnante chapelle en vermeil, à décor en émaux de scènes de l’Ancien Testament et cabochons de fausses pierreries comprend un ostensoir, une patène, un ciboire, une custode sur pied, deux burettes et leur plateau. Elle est faite au modèle de la chapelle dite du « Sacre de Monseigneur de Dreux-Brézé à Notre-Dame de Paris le 14 avril 1850 », un ouvrage majeur qui participa amplement à la diffusion du style néogothique à cette époque.
De Lalique à Jonvelle
La fin du XIXe laissera la nature s’exprimer pleinement dans les œuvres d’art, et en premier lieu dans la joaillerie avec les créations art nouveau de René Lalique. Pour preuve, un ensemble de trois motifs de papillons, animal éphémère et poétique, aux ailes en émail polychrome en plique-à-jour – une technique médiévale que l’orfèvre et joaillier revisita afin de créer des pièces d’une modernité audacieuse –, pourrait séduire à 60 000/80 000 €.Les peintres impressionnistes, quant à eux, laissent libre cours à leurs émotions devant le paysage, tel Gustave Loiseau dans Glaçons sur l’Oise de 1914, une toile passée par la galerie Durand Ruel et provenant de la descendance du docteur Armand Maurin, à Paris. Installé à Pontoise depuis 1904, le peintre concentre son travail sur le cycle des saisons à partir de vues du quartier de l’Hermitage ou de son pont, comme dans cette composition. Comptez 25 000/30 000 € pour cette variation sur le thème hivernal, une thématique proche de celle des Bords de la Garonne par Henri Martin, un tableau acquis lors de la vente du 8 décembre 1973 au palais Galliera (30 000/40 000 €). Présentée au Salon des artistes français de 1906, cette œuvre est l’une des études préparatoires du célèbre ensemble de treize toiles réalisées entre 1903 et 1906 par le peintre du Sud-Ouest pour la salle des pas perdus du Capitole de Toulouse. Plus précisément, il s’agit d’une ébauche pour la composition de la promenade du soir au bord du fleuve. Les poètes, écrivains et hommes politiques n’apparaissent pas ici, le peintre se concentrant sur ce superbe panorama, inondé d’une lumière intense écrasant les architectures et suscitant des reflets dans l’eau.
Entre poésie et provocation, le mot de la fin sera offert à Jean-François Jonvelle, dont le fonds de l’œuvre photographique sera entièrement mis en vente, de même que les droits qui y sont attachés. La mise à prix sera de 50 000 € pour cet ensemble contenant des centaines de milliers de négatifs, rangés dans 44 boîtes couvrant toute sa carrière, des dizaine de milliers de planches-contacts regroupées dans des boîtes Ilford et Kodak, plusieurs dizaines d’autres planches de ses meilleurs clichés ou encore des tirages d’exposition. Des années 1960 à sa mort soudaine en 2022, Jonvelle fut considéré comme le « photographe-poète de la mode ». Travaillant pour les plus grands magazines, il captura avec délicatesse et sensualité les portraits des plus grandes actrices de son temps, de Nathalie Baye à Cécile de France en passant par Agnès Jaoui, souvent dans de veloutés noir et blanc. Couvrant la saison automne-hiver d’Yves Saint Laurent en 1966-1967, il est aussi le photographe de la campagne publicitaire de 1981 de la société d’affichage Avenir, qui révolutionnera le secteur avec l’utilisation du teasing et ses slogans « Le 2 septembre j’enlève le haut », puis « Le 4 septembre, j’enlève le bas ». Le mannequin Myriam Szabo posait nue dans la dernière affiche de cette campagne qui fit scandale.
37E VENTE GARDEN PARTY : TABLEAUX, MOBILIER ET OBJETS D'ART, SCULPTURES
Dimanche 08 Juin 2025 - 14:00 (CEST) - Live
Château de Villandry, 3, rue Principale - 37510 Villandry
