Dites-le avec des fleurs
Samedi 17 mai 2025 à 07h
Cette semaine, Sandrine, l’une de nos fidèles lectrices soumet à notre expertise une soupière en porcelaine et son dormant. C’est l’occasion pour Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, de nous en dire plus sur l’histoire et la valeur de cette pièce de table.

Avec le retour des beaux jours, la nature sort de son sommeil hivernal et les fleurs de printemps viennent à nouveau embellir parcs et jardins. À ce titre, le week-end s’annonce chargé pour les amateurs de végétaux, avec la fête des Plantes au Jardin du Plessis-Sasnières entre Montoire-sur-le Loir et Saint-Amand-Longpré. Les amoureux des plantes s’y retrouveront pour partager conseils, goûts et variétés en vue de leurs futures plantations.
Il est justement question de fleurs avec l’objet de cette semaine, que nous soumet Sandrine. Il s’agit d’une soupière longue de 38 cm, accompagnée de son dormant de 50 cm. Les deux pièces, en porcelaine, présentent un fond framboise rehaussé de filets et d’ornements dorés. Le décor central se compose de fleurs – pivoines, roses, volubilis ou encore gerberas – dans des réserves. Les anses de préhension de la soupière, ainsi que le fretel, sont en porcelaine blanche rehaussée d’or et l’ensemble repose sur quatre pieds dorés. Le revers des pièces nous fournit des informations complémentaires sur leur provenance et leur date. On y trouve la marque « Pillivuyt, la porcelaine de France », accompagnée de la mention « décor main ».
La manufacture Pillivuyt, toujours en activité aujourd’hui, a été fondée en 1818 par Jean Louis Richard Pillivuyt entre les villes de Foëcy et de Mehun-sur-Yèvre, dans l’actuel département du Cher. Cette maison a connu un très grand succès entre la fin du XIXe siècle et la Première Guerre mondiale, grâce aux nombreuses médailles remportées lors des Expositions universelles, mais aussi grâce à une politique d’exportation reposant sur la renommée de la cuisine française à l’étranger. De nombreux chefs ont en effet privilégié les produits de cette fabrique. Elle est d’ailleurs à l’origine de la fameuse tasse dite « bistrot » en porcelaine épaisse que l’on retrouve encore dans tous les cafés. Aujourd’hui, la marque connaît une véritable renaissance, notamment à travers des partenariats comme celui établi depuis plus de 13 ans avec l’émission Top Chef.
Elle crée également des pièces inspirées de modèles anciens, comme l’objet de cette semaine. Celui-ci adopte un style Louis XV, qui pourrait rappeler les productions de Jean-Claude Duplessis – orfèvre, bronzier et ornemaniste – auteur du célèbre service de Louis XV connu sous le nom de « bleu céleste », avec ses décors floraux dans des réserves blanches. Ce service, comprenant près de 1 750 pièces, comportait notamment des soupières et des pots à oille.
Votre soupière, Sandrine, elle semble en bon état et reste très décorative. Toutefois, la mention « décor main » suggère une production récente. De plus, l’usage de ce type de pièce est devenu rare, en raison de la pratique du service dit « à la russe », où les mets sont servis successivement, contrairement au service « à la française », qui présente l’ensemble des plats sur la table. Il convient donc de rester prudent quant à son estimation, que l’on peut situer autour de 100 euros. De quoi vous offrir de nouvelles plantes pour embellir votre jardin, à l’occasion des nombreuses fêtes horticoles organisées ce week-end dans le Jardin de la France.
