"C'est une pièce rarissime"
Mercredi 14 mai 2025
France Bleu Berry, Jérôme Collin

un marbre de Rodin retrouvé après un siècle près de Vierzon et mis aux enchères
Le 8 juin prochain, la maison Rouillac va mettre aux enchères un marbre de Rodin datant de 1892. La pièce, exceptionnelle par sa rareté et sa beauté, était dans une maison en Sologne depuis de nombreuses années. Ses propriétaires pensaient qu'il s'agissait d'un faux.
Non, ça n'arrive pas qu'aux autres de posséder de grandes œuvres d'art sans même le savoir. Une famille installée près de Vierzon a récemment découvert que l'un de ses marbres est bien signé de la main d'Auguste Rodin, l'un des plus grands sculpteurs de l'Histoire de l'art. Il s'agit du marbre "Le Désespoir", une pièce extrêmement rare : il n'y en a pas un seul exposé dans un musée de France. "C'est vraiment une pièce rarissime. Rodin était un artiste prolifique. Mais sur près de 6.000 résultats de vente aux enchères concernant ses œuvres, il n'y a que 80 marbres", explique Aymeric Rouillac, commissaire-priseur. Le 8 juin prochain, sur le domaine du château de Villandry, la Maison Rouillac va vendre aux enchères ce marbre de Rodin, qui date de 1892-1893.
Les propriétaires pensaient que c'était un faux Rodin
La mise à prix est de 500.000 euros. Et les enchères pourraient rapidement s'envoler. Ce n'est que le 10e marbre de Rodin qui apparaît aux enchères depuis 10 ans dans le monde entier. Et son histoire est rocambolesque. "On a perdu la trace de ce marbre en 1906 lors de la vente d'un grand collectionneur à Paris. Il était introuvable depuis plus de 100 ans", explique Aymeric Rouillac. Mais ces derniers mois, il est contacté par une famille d'industriels vivant dans le Berry, près de Vierzon. Ils lui montrent ce marbre dont ils n'ont absolument pas conscience qu'il s'agit d'une sculpture de Rodin. "Le marbre était sur le piano à côté des cadres photos, ils n'y faisaient pas vraiment attention. Ils avaient vu la signature de Rodin mais ils pensaient que c'était un faux", poursuit le commissaire-priseur.L'enquête débute alors pour s'assurer qu'il s'agit bien d'un marbre de Rodin. Aymeric Rouillac remonte l'arbre généalogique de cette famille installée dans le Berry depuis de nombreuses générations. Mais au début du 20e siècle, il trouve la trace d'un ancêtre commissaire-priseur à Paris, c'est lui qui a fait entrer le marbre dans la famille. Une deuxième enquête technique est menée. C'est connu des spécialistes, Rodin aimait laisser des traces de la conception et de l'assemblage de ses œuvres. "Ça touche au sublime. J'étais émerveillé", raconte le commissaire-priseur.
"Découvrir un marbre de Rodin, c'est le Graal"
Que faire de ce marbre de Rodin ? La famille a tout à fait l'autorisation de le garder. Finalement, elle décide de vendre aux enchères cette œuvre exceptionnelle. "Ils se sont dit que ça ne serait pas raisonnable de continuer à vivre avec ce marbre posé sur le piano", confie Aymeric Rouillac. Le commissaire-priseur ne le cache pas : il s'apprête à réaliser l'une des ventes aux enchères les plus marquantes de sa carrière. "Vendre un marbre de Rodin, c'est le Graal ! J'ai déjà vendu des terres cuites ou des dessins de Rodin. Mais découvrir un marbre inédit du plus grand sculpteur français, c'est un moment complètement fou", poursuit-il.La vente aux enchères est ouverte au public, le 8 juin au château de Villandry en Indre-et-Loire.
