Un Barbu Müller atypique
Jeudi 23 janvier 2025
attribué à Antoine Rabany


Antoine Rabany, sculptures photographiées en 1912 par l’archéologue Albert Lejay et publiées dans le Bulletin de la Société préhistorique de France, tome 26, n°12, 1929
Attribué à Antoine Rabany (Français, 1844-1919)
Barbu Müller atypique
Pierre volcanique sculptée.Haut. 45 et 31 cm.
"Un Rabany de plus ?"
Taillée dans une pierre de type volcanique comme la plupart des sculptures d’Antoine Rabany (1844-1919), le paysan-soldat de Chambon-sur-Lac (Puy-de-Dôme), et comme la plupart des pierres surnommées par Jean Dubuffet « Barbus Müller » (ayant servi de pierres angulaires, en quelque sorte, pour sa collection d’art brut), cette nouvelle pièce que propose à la vente la maison Rouillac me paraît très proche d’une sculpture déjà prouvée par moi (cf. mon étude parue dans le catalogue de l’exposition tenue au Musée Barbier-Mueller à Genève en 2020) comme issue des mains dudit Rabany. Qu’on en juge ci-contre avec la photo d’Albert Lejay que j’ai exhumée en 2018.Iconographie : Antoine Rabany, sculptures photographiées en 1912 par l’archéologue Albert Lejay et publiées dans le Bulletin de la Société préhistorique de France, tome 26, n°12, 1929 ; noter surtout les deux de gauche…
On remarque en effet cette étrange parure de part et d’autre du haut du torse, soudé sans cou dans le cas de ce nouveau « Barbu » de la maison Rouillac, composée de protubérances en boudins semblables à des cannelures, commune avec les pièces photographiées par Albert Lejay en 1912, après les avoir identifiées comme provenant d’Antoine Rabany. On retrouve une similaire proportion des lèvres, traitées dans les mêmes cas, en simples incisions, et plus du tout lippues comme sur tant d’autres « Barbus Müller ». Il est à signaler que la statuette de gauche sur la photo Lejay, après avoir appartenu à la collectionneuse Audrey B. Heckler, à la suite d’une récente donation, est entrée dans les collections de l’AFAM (American Folk Art Museum) de New-York. Le Barbu placé juste à côté sur la même photo, quant à lui, fit partie à un moment donné des collections du Museum of Everything, à Londres, avant de rejoindre une collection privée aux USA.
En l’absence de plus de renseignements sur cette sculpture retrouvée, qui permettraient une traçabilité plus assurée, c’est malheureusement le cas dans beaucoup d’exemples de « Barbus Müller » réapparaissant, on se contentera de l’hypothèse que j’avance ici : nous sommes peut-être en présence d’un 15e Barbu certifié comme provenant d’Antoine Rabany (et donc plus seulement « attribuable à »).
Bruno Montpied
