FR
EN

Christian Quenault, assistant de Calder, vend son atelier et ses œuvres aux enchères

Samedi 29 mars 2025

La Nouvelle République, Alexandre Salle

À 74 ans, Christian Quenault a décidé d’arrêter son activité de ferronnier d’art. Le matériel et les œuvres de l’assistant de Calder sont vendus aux enchères vendredi 4 avril 2025

Christian Quenault baisse le rideau et vend son outil de travail aux enchères. À 74 ans, le ferronnier d’art a décidé d’arrêter son activité, lui qui il y a encore quelques jours honorait une commande pour un château. « Cela fait un an que j’y réfléchis, c’est très dur, je suis amoureux de mon atelier. »

Cela fait plus de vingt ans qu’il l’occupe à tordre le métal pour donner vie à des balcons, portails en fer forgé mais aussi des sculptures. Car le septuagénaire est un artiste dans l’âme depuis sa plus tendre enfance. « Je réalisais de petits sujets en fil de fer sur mon bureau d’école, cela m’a valu quelques corrections », sourit-il.

« Je n’ai pas fait d’école d’art, je suis un autodidacte »

Très bon soudeur chez les établissements Biémont à Tours, il est repéré par Alexander Calder. Il devient un de ses assistants, travaillera même après la mort du sculpteur dans son atelier à Saché pour des artistes de renommée internationale comme le Tchèque Stanislav Kolíbal. « Calder a été mon maître, c’est un peu le point de départ de tout cela, j’ai beaucoup appris grâce à lui, notamment les systèmes d’équilibre des sculptures. Je n’ai pas fait d’école d’art, j’ai mon certificat d’études et un CAP chaudronnerie, c’est tout ! Je suis un autodidacte, mais j’ai toujours aimé l’art. »

Christian Quenault réalise ses œuvres d’art sur son temps libre, il ne compte pas ses heures et l’inspiration l’arrache de son sommeil en pleine nuit pour coucher ses idées sur le papier. Astres, figures féminines, Don Quichotte, un Massaï avec sa chèvre, des allégories pour le centenaire de la Première Guerre mondiale… Les sources d’inspiration de Christian Quenault sont nombreuses.

Vendredi 4 avril 2025, Aymeric Rouillac officiera au marteau. Pour le commissaire-priseur, c’est une vente « inédite et émouvante » : « Inédite par son ampleur : à ma connaissance, il ne se vend pas souvent d’atelier d’artiste en Touraine et émouvante par le personnage, qui est à la frontière de plusieurs univers. Un soudeur poète, marqué par sa rencontre par Calder qui l’ouvre à quelque chose d’autre. »

Marqué par la procédure judiciaire de la fondation Calder

Aymeric Rouillac officie par plaisir et pour le symbole. « C’est la suite et la fin d’une aventure avec Christian Quenault. » Le commissaire-priseur avait en 2019 vendu aux enchères des œuvres de Calder, offertes par le sculpteur américain à Christian Quenault. Une vente qui avait valu au ferronnier une longue procédure judiciaire. « Cela a duré huit ans, je l’ai très, très mal vécu. »

La fondation Calder à New York (la seule capable d’authentifier une œuvre de Calder) avait fait saisir les œuvres par la justice. Christian Quenault avait même été mis en examen avant d’être blanchi par la justice. « Il a été traité de voleur et de faussaire », rembobine Aymeric Rouillac.

La mise à prix des œuvres de Christian Quenault, artiste non coté, débute à 100 € et 2.000 € pour les pièces les plus volumineuses. Le matériel et les outils de Christian Quenault sont aussi mis en vente. « Une vente où l’on pourra se faire plaisir à des prix raisonnables », promet Aymeric Rouillac. Le soudeur poète y assistera. Un moment difficile, mais un passage obligé pour tourner la page du plus grand chapitre de sa vie. « S’il le faut, j’irai pleurer dehors. »

Vente aux enchères vendredi 4 avril 2025, à 14 h, au 3, route de Préseau, à Parçay-sur-Vienne. Exposition jeudi 3 avril, de 10 h à 12 h et de 14 h à 17 h, et vendredi 4 avril, de 9 h 30 à 12 h.
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :