Un vitrail entre tradition et symbolisme
Samedi 08 mars 2025 à 07h
Les rayons de soleil de ces derniers jours nous amènent à regarder d’un œil ébloui le vitrail dont Claude, un fidèle lecteur, nous envoie la photo, nous confiant qu’il a été réalisé par son cousin de 88 ans vivant dans l’Indre. L’occasion pour notre commissaire-priseur, Aymeric Rouillac, de rappeler l’histoire de cette technique millénaire.

Un vitrail entre spiritualité et équilibre
Cette composition en verre se distingue par une harmonie parfaite entre ses différents éléments. Dans la partie haute, un soleil rayonnant illumine la scène, évoquant la lumière divine. Devant lui se dessine un hommage à La Création d’Adam, fresque magistrale de Michel-Ange dans la chapelle Sixtine. Ce célèbre instant où Dieu touche du doigt l’Homme, incarnant le souffle de vie et la transmission du savoir, est ici réinterprété en transparence.
Au centre, une partition de musique ornée d’une clé de sol semble inviter à une existence rythmée par l’harmonie et l’émotion. Ce serait, nous dit Claude, un rappel de l’enfance musicale de l’artiste. Enfin, la partie basse fait écho à une réflexion plus ésotérique : une balance, équilibrant le noir et le blanc, reprend le symbole du yin et du yang. La lumière traversant ces contrastes suggère une quête d’équilibre entre forces opposées, une recherche de justice universelle.
Le vitrail, un art millénaire
Depuis le Moyen Âge, le vitrail est une expression de la spiritualité et de l’artisanat. Présent dans les cathédrales gothiques, il sert alors de support pédagogique, racontant des épisodes bibliques à travers la lumière colorée. Chaque teinte a une signification : le bleu symbolise la sagesse et la Vierge Marie, le rouge évoque la passion et le martyre, le vert est celle de l’espérance et du renouveau.
Au fil des siècles, cet art a su se renouveler. Des maîtres-verriers comme Louis Barillet ou encore Marc Chagall ont repoussé les limites de la technique, faisant du vitrail un médium aussi bien sacré que profane. Aujourd’hui, cet héritage se perpétue, même chez des artistes amateurs comme Michel Pasquet qui explorent de nouvelles voies créatives.
Un verrier passionné et ses techniques
Michel Pasquet n’est pas maître-verrier de formation, mais un créateur inspiré, maîtrisant plusieurs techniques traditionnelles. Il a ainsi participé à la restauration des vitraux de l’église de son village dans l’Indre. Son œuvre mélange le vitrail au plomb, dans la plus pure tradition gothique, et le verre peint à la manière du faux bois, conférant aux détails une texture singulière. L’utilisation de verre opaque contraste avec des parties translucides, jouant ainsi sur les effets de lumière et les ombres projetées.
Réaliser un vitrail demande en effet un travail minutieux : chaque pièce de verre est découpée, ajustée, sertie dans des baguettes de plomb, puis soudée et patinée pour obtenir l’effet souhaité. Loin d’être un simple ornement, ce vitrail devient un langage visuel, où symboles et lumière dialoguent avec l’observateur.
Quelle valeur pour cette œuvre ?
L’absence de dimensions et de cote pour cet artiste amateur ne permet pas une estimation rigoureuse. Sur le marché, les vitraux contemporains non signés par des maîtres-verriers célèbres restent accessibles ; ainsi, nous pourrions estimer cette œuvre autour de 200 €. Un bel exemple d’artisanat personnel, où la main de l’homme dialogue avec la lumière.
