Une œuvre de Salon dans son salon
Samedi 08 février 2025
Aymeric Rouillac

Cette semaine, l’une de nos fidèles lectrices nous interroge sur une importante sculpture de baigneuse. L’occasion pour Aymeric Rouillac, notre commissaire-priseur, de nous en dire plus sur l’histoire et la valeur de cette œuvre.
Ces derniers jours, le Louvre est revenu au cœur de l’actualité culturelle française avec la proposition d’une nouvelle entrée et d’un déplacement de la Joconde dans une salle particulière. Au départ lieu de vie de la famille royale, le déplacement de la Cour à Versailles entraîne une transformation du rôle du Louvre dont une partie est attribuée à l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture en 1692. Ses membres s’y réunissent pour organiser des expositions régulières de leurs œuvres lesquelles se déroulent au départ dans le « Salon Carré », d’où le terme de « Salon » que l’on donne à ce type d’exposition encore aujourd’hui.Ces Salons constituaient l’un des événements majeurs de la scène artistique française, permettant aux académiciens de présenter leurs œuvres et trouver ainsi de potentiels commanditaires et mécènes prestigieux. Ces expositions étaient fondamentales pour les artistes car le système était particulièrement verrouillé et tenu par l’Académie ; de ce fait un artiste qui n’exposait pas au Salon éprouvait beaucoup de difficultés à se faire connaître. De plus, ces événements étaient aussi un haut lieu de la critique d’art avec des auteurs tels que Diderot ou Dumas qui donnaient leur avis sur les œuvres pouvant ainsi entraîner l’essor ou le déclin des exposants.
L’œuvre de cette semaine est une sculpture représentant une femme nue semblant sortir du bain. Elle a un visage triangulaire et des cheveux coiffés à plat séparés par une raie médiane ; elle est présentée avec un déhanchement vers la droite tandis que la ligne de ses épaules tombe vers la gauche : on parle alors de « contrapposto ». Elle regarde vers le bas et tient un drap qui recouvre son intimité en passant sur sa cuisse gauche. On remarque la présence d’un cachet « Musée du Louvre reproduction ». Elle est présentée sur un socle de marbre blanc imitant la forme d’une colonne dorique. Enfin, il faut noter sa taille importante puisqu’elle mesure 82 cm de haut seule et plus de 1,20 m avec le socle, pour un poids total de près de 50 kg.
Cette œuvre est une reproduction de la Baigneuse dite aussi la Nymphe qui descend au bain réalisée par Etienne Maurice Falconet, exposée pour la première fois lors du Salon de 1757. A travers cette œuvre, l’artiste réinterprète les canons antiques alors en vogue suite au voyage du marquis de Marigny en Italie, qui encourage le retour aux codes antiques et donnera naissance au mouvement néoclassique. Elle s’inspire aussi d’une œuvre de 1724 de François Lemoyne, La Baigneuse aujourd’hui exposée au Musée des Beaux-Arts de Tours. Cette œuvre a connu un fort succès avec des copies réalisées dans l’atelier de l’artiste pour des mécènes comme Madame du Barry, mais aussi des versions en céramique éditées par la manufacture de Sèvres dès 1758.
Concernant votre œuvre, Il s’agit d’une copie récente en résine, produite par le Musée du Louvre à des fins commerciales. Toutefois, cette copie est de belle qualité et de grande taille et pourrait séduire un amateur désirant exposant une œuvre muséale chez lui. On pourrait alors l’estimer autour de 80 à 100 euros en vente publique. De quoi vous offrir des places pour vous et votre famille au Louvre afin d’y voir l’original ainsi que les autres merveilles que recèle l’un des plus beaux musées du monde.
