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Fenêtre sur les bords de Loire

Samedi 25 janvier 2025 à 07h

Cette semaine, Nicole, l’une de nos fidèles lectrices, nous interroge sur un tableau appartenant à sa belle-mère blésoise. C’est l’occasion pour Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, de nous en dire plus sur l’histoire et la valeur de cette peinture.



Avec la météo actuelle, nous attendons tous impatiemment le retour du printemps afin pour pouvoir flâner au bord de la Loire et admirer ses eaux calmes, propices à la rêverie.

L’œuvre de cette semaine illustre une vision idyllique de la vue d’un fleuve. Sur cette huile sur bois, le long de la rive est bordé par deux garages à bateaux destiné à protéger des barques ainsi qu’une sorte de lavoir. Le centre de la composition est rythmé par le courant qui constitue le cœur de la composition. On voit également une barque amarrée sous un arbre à la droite de celle-ci. Le peintre a retranscrit les ombres et les remous de l’onde, ce qui démontre une attention particulière pour les détails et un certain réalisme dans le traitement. On constate la présence d’une signature difficilement lisible en bas à droite. Le tout est présenté dans un cadre en bois stuqué richement orné sur plusieurs registres, notamment de lauriers, de frises végétales et de grecques. Le cadre a sans doute été peint à l’aide d’une mixtion de cuivre pour imiter la feuille d’or.

Les cours d’eau ont une importance particulière dans l’histoire des civilisations. En effet, toutes les grandes villes se sont construites au bord d’une rivière ou d’un fleuve. Ils sont alors devenus des symboles, comme pour le Styx, le Nil ou encore le Jourdain. Ce statut symbolique se retrouve dans les arts, afin d’illustrer de nombreux récits légendaires. Ils servent aussi à figurer de simples scènes de paysage, employés alors comme décor à la vie quotidienne, chez Brueghel ou Rembrandt, par exemple. Cependant, c’est véritablement au XIXe siècle, avec le développement de la peinture sur le motif, que les artistes vont représenter les cours d’eau comme sujet de leurs compositions. Ainsi, des artistes comme ceux de l’école de Barbizon ou les impressionnistes furent parmi ceux qui réalisèrent de sublimes compositions sur le motif. Ils ne se contentaient pas de retranscrire la nature depuis leurs ateliers mais la reproduisaient telle qu’ils la percevaient en personne. Ce changement de paradigme est notamment dû à la mise au point de la peinture en tube au cours du XIXe siècle, qui a permis aux peintres de réaliser leurs œuvres dans la nature, ainsi qu’au développement du chemin de fer, qui leur permettait de se déplacer plus aisément vers de nouveaux lieux.

Le cours d’eau représenté ici est une rivière navigable, où il est possible de canoter, comme on peut en retrouver en région parisienne autour de Bougival ou dans le Loiret. Il a sans doute été peint entre 1880 et 1920.

Ce tableau est vraisemblablement l’œuvre d’un petit maître pour lequel il serait possible de donner une estimation qui s’articulerait autour de 100 euros. De quoi vous offrir tout le nécessaire pour votre futur pique-nique lorsque les beaux jours reviendront !
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