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Indre-et-Loire : sous le marteau vendômois des Rouillac, la réplique du trône de Bokassa

Mardi 21 mai 2024

La Nouvelle République, Edith Van Cutsem

Avant les Renoir et autres Brueghel, les commissaires-priseurs vendômois mettront aux enchères à la garden-party d’Artigny à Montbazon (Indre-et-Loire) ce dimanche 26 mai 2024 un siège plus qu’insolite.

Ce 26 mai, le nom de Bokassa, ancien empereur centrafricain, décédé en 1996, revient en Loir-et-Cher avec la vente surprenante de la réplique du trône du sacre – l’original ayant été pillé– par Philippe et Aymeric Rouillac lors de la 36e garden-party que père et fils organisent au château d’Artigny à Montbazon en Indre-et-Loire.

10.000 € pour le scooter de François Hollande comme pour la réplique du trône de Bokassa

À la clef, une mise à prix de 10.000 € comme pour le scooter des escapades nocturnes du président François Hollande.

Deux articles pour le moins insolites dans cette vente de prestige tout comme la présence d’une rare ceinture de chasteté qui ouvriront la vente qui, anniversaire de l’impressionnisme oblige, réunit des tableaux de Renoir et Brueghel, des affiches d’Alphonse Mucha, des dessins de Jean-François Millet et Marie Laurencin, des lettres de Claude Monet…

Réalisée dans le petit atelier Persier et Fontaine implanté à Château-Thierry (Aisne), cette unique copie à taille réelle du trône de Bokassa a été imaginée comme un outil de communication, preuve de savoir-faire mais pas seulement. « Des Africains nostalgiques de cette période, avec l’accord du président actuel, espèrent pouvoir constituer à Bangui un musée et sont intéressés par la vente du 26 mai de ce trône en bois exotique doré à la feuille », affirme Rémi Le Forestier, le commercial de l’entreprise.

Une réplique de 500 kg

« C’est à partir de très nombreuses photos et vidéos prises lors du sacre qu’une réplique du trône, dont il ne reste que l’ossature métallique déposée au palais omnisports de Bangui a été imaginée. Nous nous sommes aussi rapprochés d’anciens de la fonderie normande Fontica à Gisors dans l’Eure qui a fermé en 2009 qui l’avait réalisé. Nous signons nombre de trônes pour le cinéma, le théâtre, les musées, les parcs d’attractions, les magasins d’où notre intérêt pour ce trône unique dans l’histoire. »

C’est avec l’idée de se doter d’une carte de visite insolite qu’est né ce défi, après avoir pris contact avec des enfants de Bokassa dont Jean-Serge qui fut député, ministre et candidat à la présidentielle en 2016.

« Il estime que cette réplique pourrait contribuer à la reconstitution de l’histoire de la République centrafricaine », rapporte Rémi Le Forestier.

« Cette réplique ne reprend cependant pas la qualité d’exécution de l’original où chacune des 900 plumes des ailes de bronze dorées à la feuille d’or était unique. L’original pesait deux tonnes quand le nôtre réalisé en quatre morceaux d’acajou qui s’assemblent comme un puzzle ne pèse que 500 kg ! »

Un imposant et douloureux souvenir pas facile à placer dans un quelconque salon.

Vente garden-party au château d’Artigny à Montbazon (Indre-et-Loire) à partir de 14 h dimanche 26 mai et lundi 27 mai. Informations au 02.54.80.24.24 ou rouillac@rouillac.com

••• Un résident richissime de Neung-sur-Beuvron

Bokassa. Un nom de terrible mémoire qui résonne dans le cœur de la diaspora centrafricaine qui dénonce toujours les exactions de cet empereur de pacotille qui affamait son peuple et dépensait sans compter pour lui et ses proches. Son sacre le 4 décembre 1977 imaginé sur le modèle de celui de Napoléon 1er, fut une débauche de luxe ostentatoire avec la signature de grands noms français relayé à l’époque par tous les journaux dont le carrosse issu d’un atelier normand,

Bokassa, ce fut pour le Loir-et-Cher un résident richissime qui disposait de nombre de propriétés dont le château de Vilmorant à Neung-sur-Beuvron au cœur de la Sologne qui, après avoir été convoité par Bernard Tapie, accueillit notamment des séminaires du Front national. Aujourd’hui, il abrite le siège de la communauté de communes.

« Je me souviens être intervenu au château de Villemorant en qualité d’expert de la cour d’appel pour une estimation des biens alors que Bokassa était très entouré par des gendarmes. Je garde notamment le souvenir d’une grande table dans le hall d’entrée où étaient alignées les photos des grands du monde de l’époque posant souriants aux côtés de Bokassa… », confie Philippe Rouillac.

Soutenu pendant très longtemps par les gouvernements français successifs pour des raisons géopolitiques et économiques, l’empereur dictateur renversé en septembre 1979 fut aussi au centre de l’affaire dite des diamants offerts à Valéry Giscard d'Estaing, alors ministre des Finances et résident occasionnel à Authon dans le Vendômois.
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