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La laque des hors la loi

Vendredi 26 janvier 2024

Chine, époque Qianlong (1735-1796)

Chine, époque Qianlong (1735-1796)

Paire de petits cabinets dits du Shui-hu-Zhuan

en laque polychrome en relief sur fond d’or, ouvrant par deux vantaux et découvrant un grand tiroir en partie supérieure et deux volées de trois petit tiroirs munis d’anses de tirage à décor de feuillage or sur fond bordeaux. Ils reposent sur des pieds en laque rouge à tête de dragon sculptés.
Les charnières à coquille et les coins en métal gravé.
Le décor extérieur est inspiré du roman du Shui-hu-Zhuan ("Au bord de l'eau"). Il représente en façade et sur le dessus des bandes de hors-la-loi chassant à courre ou à l’arc le lièvre et le renard. Les côtés sont ornés de bouquets de fleurs avec un oiseau branché.

Haut. 37 Larg. 38,5 Prof. 28 cm.
(petits accidents et manques)

Provenance : collection monégasque.

China, Qianlong Period. A pair of lacquered cabinets depicting scenes from the Shui-hu-Zhuan novel.

La laque des Hors la Loi

Cette paire de cabinets appartient à un rare groupe de meubles européens, principalement français composés de panneaux en laque extrêmement colorés sur fond d’or représentant en léger relief des bandes de hors la loi chassant. Ce décor s’inspire du roman chinois du Shui-hu-Zhan ("Au bord de l’eau"), l’un des quatre grands textes classiques de la dynastie Ming. Il raconte les exploits de cent huit brigands, révoltés contre la corruption du gouvernement et des hauts fonctionnaires de la cour de l'empereur. Des hordes de brigands s’affrontent en duel, entre deux scènes de pillage, de chasse ou de pêche.

Cette paire de cabinets d’époque Qianlong n’a pas été dépecée de ses panneaux, pour être réutilisés par des ébénistes français, contrairement à la très belle commode par Delorme des collections du duc de Choiseul au château de Chanteloup (musée de Tours). Quatre autres commodes avec un tel décor sont également connues : une au château de Talcy (Loir-et-Cher), une par Mathieu Criaerd au musée du Louvre (Paris, OA 10456) les deux autres dans des collections privées (vente Sotheby's, Paris, 23 juin 2004, n° 57 et vente Sotheby’s Monaco, 14 juin 1997, n° 84). Un secrétaire à abattant (vente à Paris, 25 juin 1937, n° 97) ainsi qu'une paire de bas d'armoire par B.V.R.B. (vente Sotheby’s, Paris, 30 novembre 2011, n°57) sont également connus.

L’usage de ces panneaux d’une insigne qualité était donc réservé aux ébénistes à la clientèle la plus prestigieuse, dont la réalisation était coordonnée et financée par les marchands merciers parisiens ou versaillais. Toutefois, avec le paravent conservé dans le musée chinois de l'Impératrice Eugénie au château de Fontainebleau, cette paire de cabinet est, à notre connaissance, un rare, le seul meuble chinois de cette qualité qui n'ait pas été transformé à son arrivée en France au XVIIIe siècle.
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