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Le surtout du comte de Chevigné

Jeudi 25 janvier 2024

par Jean-Baptiste Odiot

Jean-Baptiste Gustave Odiot (Français, 1823-1912)

Guillemin Diomède et François Gilbert (Français, 1816-1891)

Projet de surtout, grandeur d'exécution, vraisemblablement pour le comte Louis de Chevigné

Crayon et pierre noire sur quatre feuilles collées sur toile.
Cachet en noir de la Maison Odiot à Paris.

Haut. 144 Long. 745 cm environ.
(déchirures, petits manques)

Provenance : ancienne collection de la maison Odiot.

Jean-Baptiste Gustave Odiot, Guillemin Diomède & François Gilbert. A pencil and black stone sketch of a life-size centerpiece probably intended for Count Louis de Chevigné. From the Maison Odiot collections.

Le surtout du comte de Chevigné

Le mariage avec la "reine de Reims"

Louis de Chevigné épouse en 1817, Clémentine Clicquot, fille de la célèbre veuve de la région champenoise. À partir de 1842, il fait bâtir le château de Boursault. De style Renaissance, il se compose d’un décor fastieux dont il faut citer la cheminée monumentale en pierre de Bourgogne. Le domaine devient un lieu de fêtes, autour de la « reine de Reims », comme la surnomme Prosper Mérimée.

Il semble que le comte de Chevigné soit le commanditaire du projet de ce grand surtout d’apparat. L’œuvre définitive est présentée lors de l’Exposition universelle de 1867, au côté d’une partie du service du Duc de Galliera, Jules Mesnard, décrit l’ensemble dans les Merveilles de l’Exposition Universelle : « La pièce de milieu, exécutée pour M. le vicomte de Chevigné, est de style Louis XV. Elle est sobre d’ornements et les lignes en sont contournées avec élégance. Elle se compose d’une série de calices, quatre petits en escortent un grand ». La description proposée tranche avec notre projet dessiné en grandeur nature. Il n’est donc pas impossible, que l’atelier ait modifié la réalisation finale à la demande du commanditaire.

La tradition des surtouts royaux

Le dernier grand surtout français dit "des Cent Couverts" est commandé par le Prince-Président Napoléon Bonaparte à Charles Christofle pour la table d'apparat au Palais des Tuileries. Si Christofle reçoit les faveurs du pouvoir durant la seconde moitié du XIXe, Jean-Baptiste Gustave Odiot prolonge la tradition familiale. Les Odiot sont aux arts de la table ce qu’Antonin Carême est à la cuisine. En effet, les membres de la dynastie d’orfèvres servent autant les relations sociales, que le premier chef cuisinier de l’histoire. Les uns mettent en valeur les repas par un luxe d’argent et de bronze inouï, l’autre par des plats servis à la française d’une manière « élégante et somptueuse ». Il vise à restaurer « l’ancienne organisation des maisons où Napoléon dans l’étiquette du palais impériale de 1808 reprend directement les ordonnances de Louis XIV pour le service de la table ».

Enquêtes dans les archives

Les archives Odiot référencent un dessin avec la désignation suivante : « Grand surtout de table d’apparat / pour le comte de Chévigné / composé de girandoles, étagères à fleurs et grand sujet central de style Louis XVI. Fusain en quatre feuilles réunies et entoilées / Grandeur d’exécution 144 x 750. / Description : / Centre grande jardinière quadrilobée à / motifs de canaux cernés, accrochée de quatre / pilastres à renflement surmontés de quatre / figures, représentant les quatre saisons, / assises sur des consoles réunies en leur sommet / appliquées de volutes pour servir de reposoir / à une coupe à gorge et large bord./ De part et d’autre, une jardinière à étages sur socle à degrés recevant deux cariatides / assises dans leur drapé et retenant, par des / guirlandes de fleurs, au dessus de leur tête / une corbeille à gorge sommée en son centre / d’une statue représentant Bacchus ; / des paires de candélabres sur piédouche / cylindrique appliqué de consoles sur lequel / reposent trois figures montées en gaine recevant / sur leur tête un bouquet de lumières composé / de trois niveaux et un centre pour treize feux./ Travail de Jean-Baptiste Gustave Odiot orfèvre, et du sculpteur Gilbert». Trois photographies montrent l’exécution des candélabres.

Brice Langlois
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