Diane à la biche
Jeudi 25 janvier 2024
par Marie Laurencin
Diane à la chasse, toile, 1908, ancienne collection Guillaume Apollinaire
Portrait de Marie Laurencin
Marie Laurencin (Française, 1883-1956)
Diane à la biche, 1907
Crayon et aquarelle sur papier.Signé et daté.
Haut. 18,3 Larg. 26,5 cm.
(feuille tirée d'un cahier, scotchée dans les coins sur une feuille [Haut. 24,4 Larg. 31,4 cm])
Marie Laurencin, 1907. A pencil and watercolor drawing of Diana and the doe.
Bibliographie : D. Marchesseau, "Marie Laurencin, Catalogue raisonné de l’œuvre peint", éditions du Musée Marie Laurencin du Japon, 1986, huile sur bois "Diane à la chasse" datant de 1908, reproduite p. 68, n°46.
Marie Laurencin, une biche parmi les fauves
Une femme de la Renaissance
Intimement lié à son auteur, ce dessin annonce la toile de « Diane à la chasse », réalisée en 1908, qui appartiendra à Guillaume Apollinaire et se trouve aujourd'hui en mains privées. Compagnon de l'artiste, le poète la présente comme « la peintre du mystère féminin » à la touche « féminine et serpentine », se situant à la confluence entre Pablo Picasso et le Douanier Rousseau. Si Marie Laurencin aime dans ces années 1905-1909 se représenter sous les traits de Diane, c'est aussi bien comme déesse antique que comme princesse de la Renaissance. En se représentant accompagnée d’une biche, son animal attribut, l’artiste interroge sa propre existence, elle qu’André Breton décrivait comme « une biche parmi les fauves ». Si la biche renvoie au désir amoureux, Diane incarne pour le XVIe siècle une image de pureté et d’indépendance. Marie se représente ainsi en icône diaphane au regard félin, s’inspirant notamment de la "Diane au Cerf" du château d’Anet, où vécu son héroïne, Diane de Poitiers. Marie Laurencin, qui n’a pas encore fait la connaissance de Guillaume Apollinaire, fréquente alors Pierre Henri Roché. Ce dernier lui fait découvrir les collections du Musée de Cluny, l’art de la tapisserie des mille fleurs, les portraits de François Clouet et l’emmène visiter l’exposition sur l’Art décoratif oriental. Ces découvertes inhibent son style, qui puise dans l’art oriental des miniatures perses. Elle donne à ses dames des airs de sultanes, au nez long et droit, aux cheveux noirs et aux yeux en bandeau. La stylisation du dessin, avec les arabesques qu’esquissent les fleurs luxuriantes et la ligne serpentine embrassant les courbes de son corps sont caractéristiques de la première période très symboliste de l’artiste.Hortense Lugand