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Des bijoux tous droits sortis des eaux !

Samedi 06 avril 2024 à 07h

Cette semaine, Hanane, du Loir et Cher, nous questionne sur une paire de bijoux fantaisie en forme d’huître perlière. L’occasion pour Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, de nous emmener sous l’océan pour chercher l’origine de ces bijoux.



Ce ne sont pas des poissons d’avril mais des boucles d’oreilles, qui pourraient parer les plus belles sirènes que nous étudions. Elles sont conçues comme des trompes l’œil imitant des huîtres perlières et centrés de perles et rappellent le travail de Line Vautrin. Line Vautrin est une figure de la bijouterie du XXe siècle. Elle débute en réalisant des bijoux et accessoires en bronze, qu’elle égaye de perles, de feutre ou de plumes et qu’elle commence par vendre dans les boutiques d’Elsa Schiaparelli. Dans les années 1950 elle devient célèbre en inventant le « Talosel ». Cette nouvelle matière est réalisée à partir d’acétate de cellulose, un plastique inventé soixante ans plus tôt. Line Vautrin transforme ce matériau, le chauffe, le découpe, le mélange à des petits morceaux de miroir pour donner naissance à une résine dont la transparence fait penser à du verre teinté. Bijoux, pieds de lampes, miroirs « sorcières » ou cadres… L’artiste développe un univers ludique et fantaisiste pour créer des objets parlants, à la frontière du réel et de l’imaginaire, proches du surréalisme.

Ces bijoux sont l’œuvre d’une élève de Line Vautrin, Monique Védié, qui les a réalisés dans les années 1980. Elle collabore avec plusieurs maisons de Haute Couture comme Chanel avant de lancer sa propre marque. En reprenant la technique du talosel et en s’inspirant des motifs de la faune et la flore, l’artiste bijoutière fait perdurer l’héritage de Line Vautrin. Ces boucles d’oreilles coquillages en talosel nacré sont agrémentées de perles blanches sphériques qui reprennent le lustre des huîtres et évoquent l’histoire de la perle. Utilisées dans la bijouterie depuis l’Antiquité, ces billes de nacre constituent un symbole de richesse et ne deviennent accessibles qu’à partir du milieu du XXe siècle avec le développement des fermes perlières au Japon.

Ce charmant ensemble semble en parfait état. Si les créations de Line Vautrin connaissent un grand succès en vente publique, celles de Monique Védié sont encore peu connues et leurs résultats sur le marché timides. Nous pouvons donc estimer ces bijoux aux alentours de 100 euros, un prix de départ abordable pour les productions délicates de cette artiste féminine qui fera sûrement parler d’elle dans les années à venir !
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