Ouest France, Christophe Penot
Puisque tout, aujourd’hui, ou du moins presque tout, se traite, non plus dans une salle, mais en direct, depuis un clavier et un écran, on se reprocherait de ne pas évoquer la vente qui a iieu ce samedi, à 14 heures, aux portes du grand Ouest. Précisément, une vente organisée à i’hôtel de l’Univers, à Tours, pour disperser une rareté que l'on verrait volontiers dans un musée de la Sarthe : 63 pièces provenant de la faïencerie La Villa, à Bonnétable. 63 pièces constituant le principal du service de table utilisé jadis par l’écrivaine George Sand ! Dans le détail, 54 assiettes, deux raviers, un saladier, deux légumiers, deux plats ronds et deux jattes. De quoi longuement saliver... « Si elles pouvaient parler, elles nous raconteraient les secrets intimes des plus grands artistes romantiques », rêve à haute voix le commissaire-priseur, Aymeric Rouillac. II ne croit pas si bien dire.... La célèbre femme de lettres, qui a reçu dans sa maison de Nohant-Vic Balzac, Chopin, Flaubert, Liszt, Delacroix entre autres illustres, n’avait pas sa langue dans sa poche. Et i’on voudrait soudainement pouvoir se cacher, com
me Nils Holgersson, dans un des légumiers, et i’entendre distiller son venin. L’une de ses vacheries les plus fameuses demeure le commentairequ’elle laissa sur l’un de ses nombreux amants : «J’ai eu Mérimée, ce n’est pas grand-chose. » Confidence indiscrète glissée à Marie Dorval qui s’empressa de la répéter. L’inté ressé en fut justement outragé. On pourrait folâtrer des jours et des jours aux côtés de cette George Sand qui portait ie pantalon, fumait le cigare et n'appréciait que modérément les atermoiements du bel amour de sa vie, le pâle et chaste Frédéric Chopin. Mais, toute rosserie mise à part, devant cette plantureuse pile d'assiettes, comment ne pas admirer une personnalité mythique devenue l’icône des féministes. On lui sait encore ce joli mot : « L’avenir peut s’éveiller plus beau que le passé ».
Puisqu’elle le dit..