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Loches : quand la cravate de Louis XVI était vendue aux enchères le 21 janvier 2004

Dimanche 21 janvier 2024

La Nouvelle République, Bruno Bouchet

Mercredi 21 janvier 2004, Philippe Rouillac réalisait une enchère incroyable à Loches : une cravate ayant appartenu à Louis XVI était vendue 75.000 €. Pascal Dubrisay, adjoint au maire de Loches chargé du patrimoine à l’époque, s’en souvient avec émotion.


Les liens d’amitié qui unissent le commissaire-priseur vendômois Philippe Rouillac, et l’élu lochois Pascal Dubrisay remontent au début des années 2000.

« À l’époque, Philippe Rouillac et sa femme Christine cherchaient à développer leur activité dans le Sud-Touraine. Je lui avais proposé le joli cadre de la salle des mariages à l’hôtel de ville, fraîchement rénovée avec son tartan écossais », se souvient l’ancien adjoint au maire chargé du patrimoine.
« J’avais les jambes qui tremblaient »
Au fil des années, les ventes et expertises gratuites du commissaire-priseur vendômois se déroulent dans la Chancellerie voisine.

Fin 2003, Phillippe Rouillac appelle son ami Pascal Dubrisay. « Il était plutôt mystérieux au téléphone. Il m’a dit “ je veux que ça te fasse plaisir et je veux une salle pour réaliser une enchère incroyable ” », se souvient l’ancien élu lochois.

Rapidement, le commissaire-priseur lui explique l’objectif de sa vente : la cravate qu’a portée Louis XVI avant de monter à l’échafaud, le 21 janvier 1793, va être vendue. Mise de départ : 5.000 €.

« J’avais les jambes qui tremblaient à l’époque », indique Pascal Dubrisay qui voue une passion ardente pour tout ce qui touche à la monarchie en général, et au souverain Louis XVI en particulier.

« Cette cravate provenait des descendants d’un certain M. Vincent, commissaire général de la Commune, entrepreneur de bâtiments qui a rendu quelques services à la famille royale. Louis XVI, le matin de son exécution, la détacha de son col pour la donner à M. Vincent, son compagnon de geôle, comme souvenir et récompense. Ce dernier mourut également sur l’échafaud », se remémore Philippe Rouillac.

Avant que la mise aux enchères ne démarre en milieu d’après-midi, Philippe Rouillac et son épouse Christine, sont tous les deux invités à déjeuner chez Pascal et Annick Dubrisay, à leur domicile lochois.

« Philippe arrive avec une boîte à la main. Et là, qu’elle ne fut pas ma surprise lorsqu’il l’a ouverte : c’était l’étoffe ayant appartenu à Louis XVI ! », s’exclame encore, des étoiles dans les yeux, Pascal Dubrisay.

Ému quasiment jusqu’aux larmes, et muet d’admiration devant la relique historique, Pascal Dubrisay mettra de longues minutes à s’en remettre. Il reprendra néanmoins ces esprits pour aller assister à la vente dans une salle des mariages noire de monde. « Des journalistes venus de Paris, de la presse écrite nationale, de la radio ou de la télévision étaient là. Il y avait aussi des téléphones installés un peu partout », se souvient l’élu lochois.

Cravate exposée à New York

Notre confrère de l’époque, Jacki Berthias, relatait dès le lendemain dans nos colonnes, dans la rubrique des informations générales, l’événement : « Les enchères ont vite monté, à droite 5.500, à gauche 6.000, au centre 7.000… avant que le téléphone ne prenne le relais. Deux acquéreurs potentiels s’affrontaient, faisant s’envoler les prix : 10.000, 20.000, 50.000… 70.000 €, enfin. Hors frais. » « 75.000 € frais de transaction inclus », précise vingt ans plus tard, Philippe Rouillac.

« L’acquéreuse était une Franco-Américaine, très attachée à la famille royale ainsi qu’aux La Fayette et aux Rochambeau. Elle m’avait dit que c’est en partie grâce à Louis XVI que les Américains avaient pu prendre leur indépendance face aux Anglais », raconte Philippe Rouillac.

À l’époque, la cravate de Louis XVI avait donc franchi l’Atlantique pour être exposée dans un musée de l’amitié franco-américaine dans le quartier huppé de Long Island à New York. Malgré nos recherches, nous ignorons si elle s’y trouve encore, et si le musée existe toujours.
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