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Par Diane et Saint Hubert : Bonne chasse !

Samedi 24 septembre 2016

Cette semaine, André, des Montils, sollicite Me Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, afin d’en savoir plus sur une sculpture en bronze.

Il nous faut, pour commencer, conter la belle histoire qui lie la famille d’André à cette sculpture. Dans les années 1930, la mère de notre lecteur travaillait comme femme de ménage dans une maison bourgeoise. Elle prenait tant de soin à briquer ce bronze que la maîtresse de maison lui répétait régulièrement : « Tu as tellement astiqué cette statue que je tela donnerai après mon décès ». Cette partie de sa vie était déjà fort lointaine lorsqu’il y a 50 ans, plusieurs inconnus frappent à sa porte. Ces personnes sont les enfants de la dame dont elle a entretenu l’intérieur pendant tant d’années. Ils viennent lui remettre la statue qui lui avait été promise 30 ans auparavant !

Ce grand bronze patiné mesure 65 cm. Il figure Diane, divinité romaine de la chasse, assise sur un monticule, guettant le gibier. Vous la reconnaissez à l’arc sur lequel elle s’appuie de la main gauche, à son chien, et au croissant de lune (astre auquel elle est associée) qui coiffe sa chevelure. Un socle de marbre rouge griotte, met en valeur l’ensemble. L’artiste a laissé sa signature à la base de l’œuvre : « MADRASSI Paris ».
Luca Madrassi est un sculpteur né en Italie en 1848. Il prend la nationalité française alors qu’il étudie aux Beaux-Arts de Paris. Ses thèmes favoris sont les allégories et les sujets mythologiques. Il expose durant de longues années au Salon et est régulièrement primé. Nombre de ses œuvres sont éditées en bronze, comme c’est ici le cas de cette Diane chasseresse.

Cela signifie que des fondeurs (tels Barbedienne ou Colas pour ne citer que les plus fameux) coulent une même œuvre en plusieurs exemplaires, et souvent en différentes tailles. Elle n’est donc pas unique mais, selon leurs dimensions, la qualité de la fonte, de la ciselure et de la patine, ces bronzes d’édition peuvent atteindre des prix élevés. Au sujet de la patine, sachez qu’un bronze est rarement laissé dans sa couleur dorée naturelle. On peut le recouvrir d’une fine couche d’or ou d’argent, mais également le « patiner ». A l’aide d’acides, le patineur oxyde le métal pour obtenir une teinte dont les nuances vont du noir au vert, en passant par le brun. La couleur obtenue, l’oxydation est stoppée à l’aide d’un vernis ou d’une cire. Mais cette patine est fragile et son état de conservation influe beaucoup sur l’estimation d’un bronze.

Ici, elle semble relativement bien préservée, et ce probablement grâce à la maman d’André ! Datant du dernier quart du XIXesiècle, ce bronze de qualité figure un sujet plaisant. Sa grande taille est un atout. En bon état, sans manque ni accident, et sous réserve d’examen physique, nous pouvons l’estimer entre 1 000 et 1 500 €. Songez que cette même sculpture, mais en marbre, s’est vendue plus de 30 000 € en vente publique il y a 6 ans… ! Demain, les19 000 chasseurs du département se réjouiront de l’ouverture générale de la chasse. Alors par Diane, et par saint Hubert : bonne saison !
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