FR
EN

Sa 2 CV en bois sera bientôt vendue aux enchères

Mercredi 17 mai 2023

La Nouvelle République, Julien Lucas

« La Belle lochoise » va bientôt quitter Sennevières pour être vendue aux enchères.

Michel Robillard va se séparer de sa 2 CV en bois, devenue une star. Avec elle, le menuisier ébéniste de Sennevières, en Sud-Touraine, a fait le tour de la France pendant six ans.

C’est la pièce maîtresse, de son petit musée bien caché, à quelques centaines de mètres du bourg de Sennevières. « La Belle Lochoise », œuvre de Michel Robillard, va bientôt quitter la maison où elle a été fabriquée. Cette 2 CV, construite toute en bois, est l’une des plus belles pièces de la grande vente aux enchères de la maison Rouillac, dimanche 4 juin, au château d’Artigny, à Montbazon.

Mise à prix à 150.000 €, elle pourrait devenir la 2 CV la plus chère de l’histoire. « C’est clairement l’objectif, note Aymeric Rouillac, le commissaire-priseur qui animera la vente aux enchères. Le record, c’est 176.000 €. » À la hauteur du temps passé par le Senneparien pour la réaliser : cinq ans et cinq mille heures de travail.

Menuisier ébéniste jusque dans les années 90, Michel Robillard a dû tout arrêter pour des raisons de santé mais le talent, lui, est resté. Il a commencé par des petites maquettes de voiture « parce que peu de maquettistes en faisaient à l’époque » avant de plancher sur sa « deudeuche ».

« Il y a du Léonard de Vinci chez lui »

« Je voulais faire une voiture en bois, qui roule. J’ai choisi la 2 CV parce que c’est la voiture la plus populaire en France », raconte l’artisan. Un souvenir d’enfance aussi, celui des pique-niques en 2 CV avec les parents, dans laquelle ils retiraient la banquette arrière pour manger.

Les premiers coups de ciseau à bois datent de 2011. Le châssis, c’est celui d’une Citroën Dyane de 1969 ; le moteur, un petit 3 CV de 300 cm3. Une voiture construite de A à Z, à partir de cinq essences de bois : du noyer, du poirier, du pommier, de merisier et de la loupe d’orme. Le tout est verni, pour protéger le bois. « Elle pèse 600 kg, c’est seulement 20 de plus qu’une 2 CV classique », complète l’artisan. Elle sera baptisée en septembre 2017.

Avec elle, son propriétaire a fait le tour de la France. Il ne compte plus les articles de presse qui lui ont été consacrés aux quatre coins du pays. « Ce sont des souvenirs inoubliables, concède-t-il. C’est la dernière page du tome 1 qui se referme. » Michel Robillard pensait attendre l’an prochain pour se séparer de son compagnon de route mais la disparition de son épouse, en fin d’année dernière, a accéléré les choses. « Il est venu me voir, il y a trois mois, se souvient Aymeric Rouillac. On sort du cadre de la vente automobile, c’est une œuvre d’art sur roues. » C’est la rencontre de l’homme puis de son œuvre qui a emballé le commissaire-priseur. « Quand on le voit, on se dit qu’il y a du Léonard de Vinci chez lui. C’est un touche-à-tout de génie et cette voiture a quelque chose de magique. »

La DS cabriolet, le dernier projet

Qui pourrait rafler la mise ? Seule la magie des enchères peut répondre à la question. « J’aimerais qu’elle aille chez un collectionneur, qui la garderait le plus longtemps possible. Ou à un musée », espère Michel Robillard. « Aussi bien aux collectionneurs d’automobile que des amateurs d’art cinétique », complète Aymeric Rouillac.

À l’heure de finir ce premier tome, comme il le dit si bien, Michel Robillard termine d’écrire le suivant. Encore une Citroën, mais cette fois ce sera une DS21 cabriolet, comme celle dessinée par Henri Chapron. Même recette que la 2 CV : une base de DS et autour, le talent de l’ébéniste fait le reste. Il souhaite la terminer pour les 70 ans du modèle, en 2025. Entre-temps, il se sera déjà séparé de son fourgon, en bois aussi, un Citroën HY (comme Louis la Brocante), sur lequel il a commencé à travailler en 2019. Michel Robillard prépare son départ, auprès de ses enfants, installés dans le sud de la France. Le tome 2.
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :