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Le dernier nu de Gustave Courbet aux enchères

Mardi 16 mai 2023

Barnebys, Gritta von Toll

Gustave Courbet (1819 Ornans – 1877 La-Tour-de-Peilz), Grande Baigneuse (Femme nue couchée au bord de l'eau), 1869 environ, signé, huile sur toile, 83,3 x 160 cm. Image © Rouillac (détail)
Gustave Courbet (1819 Ornans – 1877 La-Tour-de-Peilz), Grande Baigneuse (Femme nue couchée au bord de l'eau), 1869 environ, signé, huile sur toile, 83,3 x 160 cm. Image © Rouillac (détail)

Cette œuvre tardive de Gustave Courbet, qui est aussi le plus grand nu de l’artiste jamais vu sur le marché des enchères, a été découverte dans une collection en 2013 et passera sous le marteau début juin.

L’œuvre entière de Gustave Courbet réunit environ 1 000 travaux. Seuls 50 d’entre eux sont des nus, dont L’Origine du monde de 1866, qui fut pour l’essentiel cachée au public avant d’arriver au musée d’Orsay en 1995.

Mesurant seulement 46 x 55 cm, L’Origine du monde est une œuvre intime commandée par le diplomate ottoman et collectionneur d’art Halil Şerif Pasha. Avec ses 83,3 x 160 cm, la Grande Baigneuse de Courbet (aussi appelée Femme nue couchée au bord de l’eau), qu’il peint trois ans plus tard, frappe le spectateur différemment. La peinture a été découverte en 2013 dans une collection et a fait l’objet de minutieuses recherches (sa provenance n’a pas pu être déterminée), avant d’être finalement reconnue par le musée Courbet à Ornans et par la Société Courbet à Genève. Elle a été dévoilée en 2019 à l’exposition célébrant le 200e anniversaire du peintre au musée Courbet.

Gustave Courbet (1819 Ornans – 1877 La-Tour-de-Peilz), La Source, 1868, huile sur toile, 128 x 97 cm, musée d'Orsay, Paris. La peinture a été exposée aux côtés de la Grande Baigneuse à l’exposition anniversaire de 2019 au musée Courbet à Orna
Gustave Courbet (1819 Ornans – 1877 La-Tour-de-Peilz), La Source, 1868, huile sur toile, 128 x 97 cm, musée d'Orsay, Paris. La peinture a été exposée aux côtés de la Grande Baigneuse à l’exposition anniversaire de 2019 au musée Courbet à Ornans. Photo du domaine public


Le 4 juin, la Grande Baigneuse sera mise aux enchères à la 35e Garden-Party aux enchères de la maison Rouillac au château d’Artigny en Touraine. L'estimation se situe entre 300 000 et 500 000 euros.

Cette œuvre s’inscrit parfaitement dans la série des nus de Gustave Courbet, qui a exploré ce genre à plusieurs reprises au cours de sa carrière. Courbet conjurait ainsi une harmonie entre la représentation du corps dénudé et son sujet préféré : la peinture de paysages réalistes.

Gustave Courbet (1819 Ornans – 1877 La-Tour-de-Peilz), Grande Baigneuse (Femme nue couchée au bord de l'eau), 1869 environ, signé, huile sur toile, 83,3 x 160 cm. Image © Rouillac (cadre)
Gustave Courbet (1819 Ornans – 1877 La-Tour-de-Peilz), Grande Baigneuse (Femme nue couchée au bord de l'eau), 1869 environ, signé, huile sur toile, 83,3 x 160 cm. Image © Rouillac (cadre)


Courbet s'est essayé à la peinture de nu de diverses manières. Le nombre réduit de ce type d’œuvres au sein de son vaste corpus s’explique peut-être par sa recherche et exploration intensives du sujet. Ses œuvres marient une perfection presque académique avec une représentation naturelle pleine d’érotisme.

Gustave Courbet (1819 Ornans – 1877 La-Tour-de-Peilz), Nu couché, 1866, huile sur toile, 45,7 x 65,4 cm, collection privée, Suisse. Image du domaine public
Gustave Courbet (1819 Ornans – 1877 La-Tour-de-Peilz), Nu couché, 1866, huile sur toile, 45,7 x 65,4 cm, collection privée, Suisse. Image du domaine public


On trouve fréquemment dans ses œuvres des éléments comme des draps blancs et des paysages forestiers avec des étangs et des ruisseaux inspirés de sa terre natale d’Ornans, comme c’est le cas dans la Grande Baigneuse, qui montre le sujet dans une pose décontractée rappelant la Vénus d’Urbin de Titien, sur la rive d’un cours d’eau. Tandis qu’une main joue avec les boucles de ses cheveux châtains détachés, les doigts de son autre main trempent dans l’eau.

La Dame de Munich ou Femme vue de dos, impression d’après une impression au fusain d’Étienne Carjat de la peinture perdue de Gustave Courbet de 1869. Photographie dans le domaine public
La Dame de Munich ou Femme vue de dos, impression d’après une impression au fusain d’Étienne Carjat de la peinture perdue de Gustave Courbet de 1869. Photographie dans le domaine public


Comme l'indique l’étiquette d’un marchand d’art apposé au dos de la toile, la Grande Baigneuse a été peinte autour de 1869, lorsque Gustave Courbet était au sommet de sa carrière. Célébré aussi à l’international, Courbet a été représenté à l’exposition internationale d’art au Palais des glaces de Munich l’automne de cette année-là avec une grande peinture de chasse qui y fut très bien reçue. Lors de son séjour dans la capitale bavaroise, il a commencé le nu La Dame de Munich, qu’il a ensuite terminé à Ornans. Jusqu’à la découverte de la Grande Baigneuse, dont la date ne peut pas être précisée, l’œuvre aujourd’hui perdue était considérée comme le dernier nu peint par Gustave Courbet, mort en exil en Suisse en 1877.

En plus de cette importante œuvre de Gustave Courbet, la Garden-Party de Rouillac comprendra toute une panoplie de lots exceptionnels, dont une Citroën 2 CV en bois, une chemise talismanique de l’Inde moghole du XVIIe siècle et une version du portrait d’Antonietta Gonsalvus par Lavinia Fontana.

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