FERNAND OLIVEDA, L’AFRIQUE AU CŒUR

par Louis-Marie Soutenet

Une carrière au service de l’État

Né dans l’Aude en 1881, Fernand Oliveda est, tant dans ses études commerciales que dans l’exercice de son service militaire, reconnu par ses pairs et supérieurs comme un homme au comportement exemplaire. Ces prédispositions morales seront un marqueur important de la vie de Fernand Oliveda, qui aura à cœur de conjuguer service de l’état français et respect des populations africaines.

Il entame sa carrière dans l’administration coloniale au début du XXe siècle. De 1906 à 1913, il navigue entre la Casamance, partie de l’actuel Sénégal, et l’Oubangui Chari, aujourd’hui en République Centrafricaine, où il est Adjoint de 1ère classe des Affaires Indigènes. Son ascension au sein de l’institution coloniale se poursuit en 1910, année de sa nomination à Madagascar. Au cours des années suivantes, Fernand Oliveda est affecté à des postes et missions très variés, mais il trouve tout de même le temps de se marier avec Berthe-Marie Astor en 1913. Tour à tour sous-chef du cabinet du gouvernement ou administrateur-adjoint, Fernand Oliveda officie même comme professeur d’allemand au gré des dérives belliqueuses des métropoles lors de la Grande Guerre. Appelé sous les drapeaux pour combattre les allemands en 1917, il reste mobilisé jusqu’en 1919.

A partir de 1922, c’est en Afrique de l’Ouest, plus précisément depuis Brazzaville, que Fernand Oliveda poursuit sa carrière. Comme une apothéose, il est nommé administrateur colonial de 1ère classe pour le Moyen-Congo. En 1925, au faîte de sa gloire, il prend son poste de Chef du Secrétariat du Gouverneur Général. En 1929, c’est l’heure d’une retraite méritée pour Oliveda. Récompensée de la Légion d’Honneur et du grade de chevalier de l’Ordre de l’Étoile Noire, la carrière de Fernand Oliveda reste un modèle du genre.

Un grand connaisseur de l’Afrique

En près d’un quart de siècle, Fernand Oliveda a parcouru le continent africain de long en large, rencontrant, au gré de ses expériences une diversité incroyable de personnes et de traditions. C’est cette connaissance avancée de l’Afrique et une grande estime pour les différentes populations qui l’ont poussé à rassembler une collection unique. Plus qu’un cabinet de curiosités ou un amas de trophées, cet ensemble de masques, de figurines, d’armes ou d’instruments est une véritable déclaration d’amour aux traditions africaines.

Oliveda reste, à la mémoire collective, comme un administrateur respectueux des populations locales, une version corroborée par l’absence de traces de pillages ou de sacrilèges sur les objets collectés. En fin connaisseur des us et coutumes des pays qu’il a visités ou administré, Oliveda a minutieusement veillé à ce que chaque trésor soit collectionné avec toute la déférence due aux Hommes et aux Dieux. Aujourd’hui conservée par ses lointains héritiers, cette collection sera présentée aux enchères le 16 mai à l’Hôtel des ventes de Vendôme. L’occasion pour les heureux acquéreurs de prolonger le rêve unique d’un visionnaire, et de s’offrir une part de la vie du grand administrateur, voyageur et connaisseur Fernand Oliveda.