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La Fayette, nous voilà ! 1932

Vendredi 17 février 2023

par Daniel-Putnam Brinley

Daniel-Putnam Brinley (Américain, 1879-1963)

La guerre d'Indépendance, Lafayette au combat, 1932

Toile roulée, signée et datée.

Haut. 400 Long. 600 cm (en l'état).

Provenance : collection privée new-yorkaise puis parisienne.

A 1932 painting by Daniel-Putnam Brinley depicting Lafayette fighting during the American Revolutionary War.

Bibliographie : Vogue Décoration, édition internationale, octobre 1988, n° 16 (Une et article intérieur) - et parution dans World of Interiors.

Brinley, peintre américain muraliste, expose à Paris au Salon d'Autonme en 1907. "La terre est achetée aux indiens", une peinture murale de la même veine, dont l'étude est conservée au Smithonian Americain Art Institute, orne le bureau de poste de Blakely en Géorgie.

"La Fayette, nous voilà !" par Marie-Paule Pellé

Une grande toile polychrome spectaculaire (4 m. x 6 m.) sera soumise au feu des enchères par Maitres Philippe et Aymeric Rouillac le 4 juin prochain en Touraine, au château d’Artigny.

Elle représente le marquis de La Fayette chassant les Anglais et leurs mercenaires suédois. Pendant longtemps, le nom du peintre a été inconnu : il s’agit de Daniel Putnam Brinley. Il l’a peinte en 1932 et on en ignore encore la provenance. Elle a été trouvée à Brooklyn et rapportée par une journaliste française surnommée « œil de lynx » dans le métier…. Voici son histoire :

Lorsqu’elle s’installe à New York à la demande d’Alex Liberman, le grand patron de Condé Nast, MPP - qui fut respectivement Creative Director de "House and Garden" puis du magazine "Traveler" de Condé Nast - apprend un nouveau mode de vie mais n’oublie pas pour autant sa vieille passion : chiner.

A Manhattan, elle trouve son bonheur tous les dimanches matin aux puces de la 6ème avenue et de la 26ème rue. « Une source inépuisable de trésors », dit-elle. « J’y ai déniché des merveilles : une boule à repriser en verre filé XVIIIe siècle de Nevers, vendue comme presse papier ; deux dessins de Constantin Guys ; un plateau à oboles du XVIIIe siècle (présenté en tant que coffee tray, plateau à café), etc. …mais également des objets qui me rappelaient mon enfance à Orléans (ville “américaine” jusqu’en 1962) : j’ai acheté du “streamline” à foison (cher Raymond Loewy…) et surtout des ustensiles de cuisine que personne ne regardait ! »

C’est chez “Jerry”, un café populaire, qu’elle retrouvait en fin de “chasse –chine” son ami Roger Prigent, grand antiquaire dont l’immense magasin Malmaison était à lui seul une véritable encyclopédie du style Empire, la “Mecque” de l’acajou…
Chez Roger Prigent, on n’échappait pas à l’emprise de Napoléon : l’entrée de Malmaison était barrée par un énorme buste de Canova représentant l’Empereur. Bon nombre de fans du “petit caporal” passaient dans ce palais : Yoko Ono, le grand décorateur Pierre Scapula et son amie Gabrielle de Savoie, acteurs, hommes politiques…et le maintenant célèbre Pierre-Jean Chalençon, alors très effacé … Les déjeuners d’après “puces” étaient épiques…

Un dimanche après-midi, MPP décidant d’aller explorer Brooklyn, entra dans une petite friperie : « Au milieu d’un vrai capharnaüm, j’ai repéré une broche de Miriam Haskell, célèbre créatrice de bijoux fantaisie haute couture, années 1950-60. Au comptoir, en attendant de payer, je heurtai du pied un très long rouleau de toile. J’en levai une toute petite partie et découvris le drapeau américain seulement orné de treize étoiles, puis des maisons très “early colonial” (style d’architecture datant du début de l’installation des pionniers) et le haut d’un tricorne ; la toile était usée, mais les couleurs splendides Je demandai au boutiquier ce qu’était ce rouleau : “Aucune idée, je l’ai eue en même temps que le magasin…” “Vous le vendez ?” “Oui ! ”... Affaire conclue ! Le lendemain matin, j’avais loué un camion assez grand, impossible de le plier (hérésie totale), la toile étant glissée sur un long tube de métal… Impossible de la faire entrer dans l’ascenseur (j’habitais au 25ème étage Park South...) J’ai donné la pièce à Hartman, le concierge, qui l’a grimpée jusqu’à l’appartement avec un copain !!!

Jusqu’à ce que je revienne en France, la toile est restée à moitié dépliée, l’appartement étant bas de plafond. J’ai ignoré le nom de son auteur pendant huit ans … En revanche, je connaissais bien ce peintre : à la manière des grands classiques, un personnage vers le cœur de la toile regarde les spectateurs. Bien que montrant une imposante bataille, la scène n’est pas attristante, cela étant sans doute dû à la profusion de couleurs utilisées ».


« Ce n’est que lorsque je l’ai installée dans mon jardin d’hiver du Berry que j’ai découvert la date et l’auteur de l’œuvre : Daniel Putnam Brinley, 1932 ». Recherches, enquêtes : Brinley (“Put” pour ses intimes !) est exposé dans bon nombre de musées américains : Metropolitan, Smithonian, etc. et en Europe, à Helsinki … Il a peint à Paris et présenté son travail au salon de 1905 ; il habitait au 9 impasse du Maine et aimait Montparnasse. A Paris, il perfectionne sa technique de la fresque ; de retour en Amérique, il décora beaucoup de murs : on peut encore voir son travail dans certains monuments publics tels que la Brooklyn Savings Bank ; le Daily News building, NY ; The Metropolitan Life Insurance, NY...

Une énigme demeure : d’où provient la toile ? Était-elle destinée à un lieu privé ? Était-ce une commande d’Etat, comme celle qui orne encore le bureau de poste de Blakely en Géorgie ? Le titre de cette composition « la terre est achetée aux Indiens » 1929.

MPP considère que cette œuvre relatant un épisode de la guerre d’Indépendance est la propriété des deux mondes mais fait surtout partie du patrimoine américain ; elle la verrait bien repartir dans un musée, vers la ville de Lafayette ou dans le hall d’un grand manoir du bord de l’Hudson River…

Vente aux enchères le 4 juin 2023 à partir de 14h.
Château d'Artigny, 92 rue de Monts. 37250 Montbazon.
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