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En avant la musique !

Samedi 28 janvier 2023 à 07h

par Aymeric Rouillac

Cette semaine, Véronique, de Salbris, propose à l’expertise d’Aymeric Rouillac un phonographe de la marque Pathé. L’occasion pour notre commissaire-priseur de nous en dire plus sur l’histoire et la valeur de cet objet.

La fin du mois de janvier est marquée par les anniversaires de deux des plus grands compositeurs de l’histoire : Mozart, né le 27 janvier 1756 et Schubert, né le 31 janvier 1797. Si l’on peut aujourd’hui écouter très facilement leurs grandes œuvres, tels la célèbre Truite ou l’envoûtant air de La Reine de la Nuit, cela n’a pas toujours été le cas. En effet, pendant bien longtemps, le seul accès à la musique était d’assister à un concert. Au XVIIe siècle, les orgues de Barbarie et autres boîtes à musique permettent de jouer des bribes de morceaux sans faire appel à un orchestre. Au XIXe siècle, l’inventeur français Scott de Martinville met au point le phonautographe, premier appareil capable d’enregistrer des sons. Le premier enregistrement de l’histoire, datant de 1860, est une version d’Au clair de la Lune. Cependant, l’invention ne permet pas la restitution des enregistrements. Au cours de l’année 1877, Charles Cros en France et Thomas Edison aux États-Unis se disputent la paternité du premier appareil capable d’enregistrer un son et de le diffuser. Cependant, l’histoire retiendra seulement le nom d’Edison, qui dépose le brevet du phonographe à cylindre. Ces cylindres, recouverts d’une feuille d’étain, puis de cire à partir de la toute fin du XIXe siècle, sont actionnés par un moteur mécanique ou électrique. Une tige se déplace sur la surface du cylindre, faisant vibrer une membrane qui répercute les sons par le pavillon. C'est un succès commercial et le début d’une nouvelle ère pour la diffusion de la musique, qui s’invite dans les foyers du monde entier.

Les procédés s’améliorent rapidement ; en 1889, l’Américain d’origine allemande Émile Berliner invente le Gramophone, où le cylindre est remplacé par un disque 78 tours. En France, les frères Pathé, d’abord revendeurs de phonographes de différentes marques, développent bientôt leurs propres appareils ainsi que des disques, grâce à leurs studios d’enregistrement. Le succès est au rendez-vous : Pathé vendra un grand nombre de produits jusqu’à son rachat à la fin des années 1920 par des compagnies américaines. Aujourd’hui, seule la division cinématographique de l’entreprise subsiste encore. Pathé aura produit différentes gammes de phonographes plus ou moins élégants et performants, le but étant de proposer à chaque bourse le produit qui lui correspond.

Le modèle de Véronique est un Reflex des années 1910, dont le logo représente un discobole s’apprêtant à lancer un 78 tours au lieu d’un disque. Sa structure en chêne est assez simple ; il en existe d’autres versions finement sculptées. Le phonographe est accompagné d’une centaine de disques, dont celui, présent sur la photo, de Charlesky et son orchestre. Chanteur et chansonnier tombé depuis dans un oubli relatif, Charlesky a pourtant connu un grand succès avec ses tyroliennes dans le premier quart du XXe siècle. Ces photos ne suffisent pas à déterminer si l’objet est en état de marche, mais si tel est le cas, notre phonographe Pathé pourrait trouver amateur aux enchères aux alentours de 100 euros. Une somme modeste pour le mélomane qui sommeille en tous mais, en bons élèves de Nietzsche, faites vôtre sa maxime : “ La vie sans musique est tout simplement une erreur, une fatigue, un exil.”
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