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Pourtant, que la montagne est belle...

Samedi 17 décembre 2022 à 07h

par Aymeric Rouillac

Cette semaine, Jean-Michel, des Montils, nous propose un tableau savoyard de Canova. L’occasion pour Aymeric Rouillac, notre commissaire-priseur, de nous en dire plus sur son histoire et sa valeur.

Les vacances de Noël, qui débutent ce weekend, vident les métropoles pour noircir de skieurs les pistes des grandes stations françaises, tant que les effets du dérèglement climatique le permettent encore. S’il faut faire attention aux chutes, ces vacances peuvent être l’occasion pour les touristes de se pencher sur le patrimoine de cette superbe région. Au-delà de ses montagnes, parfois glacées et menaçantes, parfois couvertes d’un délicat tapis de fleurs printanières, tout le monde connaît sa gastronomie fondante et ses vins blancs. Au carrefour des influences italienne, suisse et française, la Savoie cultive depuis des siècles une identité propre dont la notoriété dépasse largement ses frontières.

Une histoire mouvementée, marquée par les incursions régulières des puissants voisins que sont la France et le royaume de Piémont. Ce n’est qu’en 1860, à l’occasion du traité de Turin, que le duché de Savoie est rattaché à la France. Ce traité est fondamental dans l’histoire de l’Italie, puisqu’il scelle l’intervention de la France contre l’Autriche dans le but de favoriser le Risorgimento, ou l’unification de la péninsule. Napoléon III et Victor-Emmanuel II, futur roi d’Italie, prévoient donc l’annexion à la France de la Savoie et du comté de Nice en dédommagement des efforts consentis. Ce traité sera doublé d’un plébiscite populaire en faveur du rattachement à l’hexagone.

La Savoie, désormais française, ne perd pas pour autant ses particularités, notamment artistiques. Dès la fin du Moyen-Âge, la cour du duché attire des artistes d’Italie, de France mais aussi des Flandres. Églises, chapelles et châteaux se parent de décors somptueux. L’atelier du grand peintre turinois Giacomo Jaquerio se charge notamment de peindre les très célèbres fresques du monastère d’Abondance. Cette période fastueuse est transcrite dans un livre d’Heures, dit de Louis de Savoie, que la Bibliothèque nationale conserve dans ses collections. A partir du XVIe siècle, les églises baroques couvrent le territoire savoyard. Au XIXe et XXe siècle, les peintres de paysages savoyards rendent hommage aux montagnes, aux lacs ainsi qu’à la faune et la flore de la région.

La peinture de Jean-Michel, est signée Émile Canova. Cet homonyme du grand sculpteur vénitien des XVIIIe et XIXe siècles n’a malheureusement pas connu le même succès. Actif dans la seconde moitié du XXe siècle, Émile Canova célèbre les paysages de son pays à travers ses toiles, peintures sur panneaux ou encore décorations d’assiettes en faïence. Installé dans son atelier de Bourg-en-Bresse, sa ligne simple et ses tableaux décoratifs ont su attirer de nombreux amateurs. Cette toile de belles dimensions (100 x 76 cm) représente une vallée encaissée, où quelques maisons et une petite église typique de la région se blottissent au bord d’un ruisseau courant au pied de montagnes couronnées par les neiges éternelles. Cette peinture est un joli souvenir de vacances, facturé 22 000 anciens francs en 1964, soit l’équivalent de 287 de nos euros actuels d’après l’Insee. Cette toile, avec ses qualités, pourrait en 2022 trouver amateur en vente aux enchères aux alentours de 50 €. Suffisant pour s’offrir une fondue fondu savoyarde ou partager une raclette !
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