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Entrer dans Vienne avant de se réchauffer au soleil d’Austerlitz !

Samedi 12 novembre 2022 à 07h

par Philippe Rouillac

Cette semaine, Claire soumet à notre expertise une gravure représentant L’entrée des Français dans Vienne en 1805. L’occasion pour Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, de lui en dire plus sur l’histoire et la valeur de cet objet.

L’année 1805 est un tournant dans l’équilibre des forces en Europe. Fort de ses succès et enhardi par son tout récent statut d’Empereur des français, Napoléon Ier entend assoir sa puissance sur le vieux continent. Évidemment, les Britanniques ne l’entendent pas de cette façon et financent une Troisième Coalition pour mettre fin aux prétentions françaises, à laquelle prennent part le Saint Empire Romain Germanique des Habsbourg, l’Empire Russe et la Suède. Argent anglais et puissances autrichiennes et russes : tout est en place pour que l’Europe s’embrase de nouveau. Napoléon guide donc ses troupes vers l’Est pour y affronter son premier ennemi, l’empereur François II. C’est la campagne d’Allemagne et d’Autriche. La première bataille majeure a lieu le 20 octobre 1805 à Ulm en Bavière et se solde par une victoire française qui désorganise totalement l’armée autrichienne. La route de Vienne est alors ouverte. Les Français entrent dans la capitale autrichienne désertée par son empereur le 14 novembre 1805.

Cet épisode des campagnes napoléoniennes est le prélude nécessaire à ce qui va devenir l’une des plus éclatantes victoires de l’histoire militaire : la bataille d’Austerlitz. En effet, cherchant à porter le coup de grâce aux armées coalisées, Napoléon poursuit les Autrichiens et les Russes. Le 23 décembre 1805, sur le plateau d’Austerlitz, au lever d’un soleil radieux, les Français écrasent leurs adversaires, saisissant leurs canons avec le bronze desquels sera érigé la colonne Vendôme. Pendant que les Russes se replient en désordre, Napoléon et François II signent un armistice qui change profondément les frontières européennes et rebat les cartes des puissances continentales. Le Saint-Empire Romain Germanique, vieux de quelques 800 ans, est dissous au profit des territoires allemands et de la Prusse. François II devient l’empereur François Ier d’Autriche et rentre à Vienne après avoir promis la paix. Les Anglais sont désignés comme responsables du bain de sang. La France de Napoléon sort incroyablement renforcée de cette campagne ; l’Autriche, ennemi traditionnel, est mise au pas.

Cette gravure relate donc un épisode majeur de l’histoire européenne. Son intérêt est plus historique qu’artistique, car de nombreuses reproductions des batailles napoléoniennes ont été produites tout au long du XIXe siècle, même si celle-ci est contemporaine de l’évènement. Il est amusant de noter que les soldats français, mais aussi les habitants de Vienne, semblent très légèrement vêtus pour un mois de novembre ! Cette eau-forte est riche de détails assez fins, tant pour les personnages qui que les paysages et l’architecture de Vienne. La gravure a été réalisée par François Pigeot, graveur parisien prolifique de la fin du XVIIIe et début du XIXe siècle, d’après un dessin de Le Compte. L’ensemble est de bonne qualité et en état satisfaisant, mais, nous l’avons dit, ce type de gravures est très courant. Une gravure de la bataille d’Austerlitz aurait peut-être eu davantage de succès. Elle devrait toutefois trouver amateur aux alentours de quelque dizaines d’euros. Une somme tout à fait raisonnable pour voyager à bon compte et passer un hiver au – presque – soleil d’Austerlitz !
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