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Raymond Reynaud

Dimanche 27 novembre 2022

Le singulier des Alpilles

Les Suzanne au bain et les vieillards, 1989
Cette vente porte l'émotion des premières. 100 peintures et sculptures de Raymond Reynaud (1920-2007), figure tutélaire de l'art singulier, trouvent en effet pour la première fois le chemin des enchères. Sélectionnées par la famille de l’artiste dont la confiance nous honore, elles seront mises à prix 500 ou 1.000 euros pour permettre à chaque amateur de continuer à faire vivre la légenge du maître de Senas.

Peintre en bâtiment et saxophoniste

Raymond Reynaud, (Salon-de-Provence, 1920-Cavaillon, 2007) a d’abord été peintre en bâtiment, tout en découvrant le saxophone puis la peinture à l’école des Beaux-arts de Salon. Animant divers groupes de musique populaire ou de Jazz, il suit un enseignement artistique académique, notamment auprès des membres du groupe Support Surface à Paris dans les années 1950. Il décide d’animer l’atelier du groupe « Arts plastiques des Alpilles », sans se satisfaire de cette voix d’expression, dont il explique qu’elle « ferme la porte à l’imaginaire ».

Pour des raisons de santé, Reynaud renonce dans les années 1960 à son activité d’artisan peintre. La confrontation avec les œuvres des peintres naïfs yougoslaves puis celles de Gaston Chaissac et de L’Art Brut révélé par Jean Dubuffet produit alors sur lui des chocs positifs inspirants, qui lui permettent d’ouvrir sa propre voix d’expression, révélant son imaginaire et ses quêtes intérieures de vérité.

Encouragé par Jean Dubuffet

Sa peinture devient singulière, richement empreinte de poésie, de géométrie, de rythmes et de rimes, de graphismes très denses et d’imaginaire onirique, explorant les mystères des mondes extérieurs et intérieurs et les grands thèmes populaires. Ses cycles consacrés à Jean de Florette, le Cirque, Don Quichotte, les Sept péchés capitaux, Les Suzanne au bain et les vieillards ou Les quatre saisons en témoignent… Installé avec son épouse Arlette à Sénas, il ouvre en 1977 à Salon, un atelier d’art pour adulte, le « Quinconce vert ».

Il est encouragé par Jean Dubuffet qui lui écrit : « Dans cette période où l’art est en crise, victime semble-t-il de la sclérose d’un système centralisé, élitaire et hermétique, le milieu d’artistes populaires constitué par Raymond Reynaud apparait comme une alternative vivante et comme le prototype d’une nouvelle forme féconde de création ». Cette aventure pédagogique Salonnaise évolue à Sénas en 1990 avec un nouveau groupe plus restreint "d’élèves" plus exigeants, sous le nom de « Mouvement d’Art Singulier Raymond Reynaud » qu’il anime jusqu’à la fin de sa vie, le 10 Juillet 2007, à la veille de l’inauguration d’une exposition présentant ses œuvres et celles de ses "élèves" au château de l’Empéri à Salon de Provence.

Don Quichotte des temps modernes

Raymond et Arlette Reynaud ont conservé dans leur maison-atelier l’essentiel de ses œuvres, à l’exception de quelques cessions amicales pour des collections muséales. Si Laurent Danchin appréciait sa technique de miniaturiste à la gouache sur du papier marouflé, puis ensuite sur de grands panneaux, Martine Lusardy voyait en lui « un Don Quichotte des temps modernes (…), une figure emblématique de l’art singulier, comme le furent avant lui Chaissac, le Facteur cheval ou Chomo. »

Association des amis

À l'heure où il faut disperser pour la première fois 100 peintures et sculptures de ce maître provençal, véritable figure tutélaire de l'art singulier, l'émotion me prend et je pense en particulier à ceux qui ont été et sont encore les passeurs de ces artistes inclassables : notre ami Laurent Danchin bien sûr, qui m'a ouvert les yeux sur une autre création, mais aussi celles et ceux qui oeuvrent fidèlement à leur service, en particulier aujourd'hui la famille et l'association des amis du singulier Raymond Reynaud, qui nous honore de sa confiance en confiant à mon marteau cette vente à nulle autre pareille.

Aymeric Rouillac
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