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Aurélie Fortin élimine les insectes par anoxie

Vendredi 22 juillet 2022

La Nouvelle République, Evelyne Bellanger

​Pas de nom pour le métier d’Aurélie Fortin, qui détruit les insectes en les privant d'oxygène. Jeudi, elle traitait un cabinet exceptionnel chez le commissaire-priseur Aymeric Rouillac à Tours.

Après une formation d’entomologiste (l’entomologie est la science qui étudie les insectes) à l’Institut de recherche sur la biologie de l’insecte (IRBI) de Tours, Aurélie Fortin a créé sa petite entreprise 3PA, spécialisée dans la conservation préventive en 2008.

Il n’existe pas de nom pour la profession que la Tourangelle, qui vit à La Croix-en-Touraine, exerce. "Protection et préservation du patrimoine culturel traitements par anoxie", répond-elle lorsqu’on lui pose la question.

"Anoxie et non pas anorexie", précise-t-elle encore avec le sourire en parlant de ce procédé, venu des États-Unis, qui existe depuis une trentaine d’années et consiste à éliminer les insectes ou leurs larves en les privant d’oxygène.

Musées, châteaux, maisons de haute-couture
Un procédé naturel et efficace, "sans produits chimiques comme autrefois, donc aucune dégradation, aucune odeur, aucune trace", ajoute Laurent Orry, son associé et son mari. Les domaines d’intervention sont variés : mobilier, peintures, textiles, archives, sculptures…

Au catalogue des références de 3PA, de nombreux musées (du Quai-Branly, d’Azay-le-Rideau…), des grandes maisons de haute-couture, des collections privées.

Jeudi 20 juillet 2022, le couple était dans l’étude du commissaire-priseur Aymeric Rouillac, boulevard Béranger à Tours, pour traiter un meuble exceptionnel, un cabinet d’époque Louis XIV – tout de bois, laques et dorures – qui fait l'objet d'un mécénat pour 750.000 euros par le Musée du Grand-Siècle, dans les Hauts-de-Seine, pas encore ouvert, dont les collections sont en cours de constitution.

"Il y a sept ans, ce meuble, fabriqué en France il y a trois siècles mais trouvé au Portugal, bien qu’ayant fait la couverture de la Gazette Drouot, n’avait pas été vendu. Nous l’avions donc conservé jusqu’à ce que le futur musée qui ouvrira à Saint-Cloud ne s'y intéresse."

Un meuble d'une beauté et rareté indéniables, mais la grande inquiétude du conservateur était son état sanitaire. Aymeric Rouillac a donc tout naturellement fait appel à la Tourangelle Aurélie Fortin, qui a enveloppé le cabinet dans une immense bulle à l’intérieur de laquelle le vide est fait pendant plusieurs semaines afin de tuer tous les petits insectes qui pourraient y avoir trouvé place.

Après l’été le cabinet séculaire au décor princier, inspiré de la ménagerie de Versailles, avec déjà un pangolin (!) parmi les animaux, pourra donc en toute quiétude partir vers le musée, exsangue de tout capricorne, vrillette ou termite clandestins.
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