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L’unique œuvre de Rodin réalisée dans la faïencerie de Choisy-le-Roi vendue aux enchères

Samedi 18 juin 2022

Le Parisien, Maxine Marchand

Le commissaire-priseur Philippe Rouillac présente une œuvre de Rodin éditée à la faïencerie de Choisy-le-Roi à la fin du XIXe siècle et vendue aux enchères ce dimanche. DR.

Un des exemplaires de « La Jardinière des Titans », série d’œuvres fabriquée dans la manufacture de Choisy-le-Roi, sera au centre de toutes les convoitises lors d’une vente aux enchères ce dimanche. Cette œuvre exceptionnelle est proposée à un prix de départ de 60 000 euros.

Ce vase est loin d’être la pièce la plus connue de Rodin, un des pères de la sculpture moderne. Et pour cause, l’histoire rocambolesque de cette série d’œuvres baptisée « La Jardinière des Titans » se découvre de jour en jour. Unique série éditée par l’artiste dans la faïencerie de Choisy-le-Roi à la fin du XIXe siècle en plusieurs exemplaires, l’œuvre vendue aux enchères ce dimanche* porte bien la patte d’Auguste Rodin. Elle est pourtant signée du nom d’Albert-Ernest Carrier-Belleuse. Louis-Robert Carrier-Belleuse, le fils d’Albert-Ernest était directeur artistique de la faïencerie, ce qui a facilité le choix de la manufacture pour éditer les pièces. Auguste Rodin, qui habitait alors à Paris, a collaboré avec Carrier-Belleuse en participant à la conception du piédestal mais sa signature n’apparaît pas sur l’œuvre.

C’est lors d’un inventaire de succession à Caen en avril dernier que des particuliers retrouvent le sixième exemplaire connu à ce jour de la Jardinière des Titans, qui sera vendu aux enchères ce dimanche. « En 2018, on connaissait seulement trois exemplaires de cette œuvre », explique Aymeric Rouillac, le commissaire-priseur de la vente. Ils sont exposés dans des musées aux États-Unis, en Espagne et au musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. La série continue puisqu’ils sont rapidement rejoints par deux autres exemplaires découverts par des particuliers en 2018 et 2019 et vendus à des musées américains.

Une œuvre rarissime

Encore en très bon état, la vasque couleur chocolat ornée de lézards repose sur un socle décoré de quatre figures d’hommes nus inspirés des Esclaves de Michel-Ange. Rodin avait découvert les secrets de l’artiste toscan lors d’un voyage en Italie en 1875, entrepris pour y admirer le travail des plus grands artistes de la Renaissance italienne. L’exécution de la « Jardinière des Titans » a donc vraisemblablement eu lieu après ce périple.

« Le sixième vase des Titans par Rodin est le seul exemplaire connu à ce jour en des mains privées », précise Aymeric Rouillac. Produits dans la même faïencerie de Choisy-le-Roi, les différents exemplaires ne sont cependant pas identiques. Principalement au niveau de la vasque, des changements de couleur ou d’ornements sont notables, renforçant ainsi la valeur unique de chaque exemplaire.

« Le succès post-mortem de la manufacture de Choisy »

Après la destruction de l’usine en 1952, la majorité des archives de la faïencerie de Choisy-le-Roi ont disparu. On sait tout de même que l’usine a produit plusieurs « Supports Titans » associés par la suite à des vasques différentes contribuant ainsi au « succès post-mortem de la manufacture de Choisy », selon le commissaire-priseur Aymeric Rouillac.

*La vente aux enchères du sixième exemplaire se déroulera au château d’Artigny à Montbazon en Indre-et-Loire et sera retransmise en ligne dès 14 heures.
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