Le Christ devant Caïphe, c. 1552
Dimanche 12 juin 2022
par Il Sémolei
Il Semolei (Venise av. 1510-1561), Giovanni Battista Franco, dit
Le Christ devant Caïphe
Toile.Au dos sur le châssis une étiquette : "P.&D. Colnaghi & Co. Ltd 14 Old Bond Street Londres".
Un numéro sur le châssis à la craie : "E5862".
Haut. 121,5 Larg. 150 cm.
Provenance :
- vente à Londres, Sotheby's, 19 avril 1972, n°119,
- galerie Colnaghi à Londres en 1982,
- acquis auprès de cette galerie par David Ogilvy, château de Touffou, Poitou.
A 16th century portrait of Jesus Christ before Caiaphas by Giovanni Battista Franco, aka Il Semolei. Oil on canvas.
Bibliographie :
- catalogue de l'exposition "Discoveries from the Cinquecento", Londres, galerie Colnaghi &Co., 17 juin - 7 août 1982, p. 36-37 (repr.), n°17 (notice par Clovis Whitfield),
- Gert Jan van der Sman, "Battista Franco : studi di figura per dipinti e incisioni", Prospettiva, Janvier 2000, no. 97, pp. 69-70, fig. 12,
- Luciano Bellosi, "Per Battista Franco", Prospettiva, avril ? juillet 2002, no. 106/107, pp. 180-181, fig. 8.
Bien que né à Venise, Battista Franco passe l'essentiel de sa carrière à Rome et Urbino. Arrivé dans la ville des papes en 1530, il y découvre les œuvres de Michel-Ange, qui auront une influence durable sur son travail. Il contribue aux décors accompagnant l'entrée triomphale de Charles-Quint en 1536. La même année à Florence, il collabore avec Vasari pour les préparatifs du mariage d'Alexandre de Médicis et de Marguerite d'Autriche, puis trois ans plus tard à celui de Cosme Ier avec Eléonore de Tolède. Il se rend de nouveau à Rome, où il peint des fresques pour l'oratoire de San Giovanni Decollato. Il séjourne brièvement à Urbino, retourne à Venise, où la réputation acquise hors de sa ville natale lui attire de prestigieuses commandes, à la fois publiques, pour le palais des Doges et la Bibliothèque Saint-Marc (Libreria Vecchia) et de la part d'importants mécènes, au nombre desquels la famille Grimani. Il meurt en 1561 avant d'avoir pu achever la décoration de la villa Foscari, construite par Andrea Palladio. Il est aussi un important graveur à l'eau-forte ; ses estampes "La flagellation du Christ" et de "La Résurrection de Lazare" comportent des groupes compacts de figures très proches de notre toile.
Vasari, qui lui consacre l’une de ses Vies, mentionne plusieurs sujets illustrant la Vie du Christ ainsi que des contrats de la part de clients germaniques pour le Fondaco dei Tedeschi. Selon lui, le goût de ces derniers explique les accents nordiques de certaines peintures tardives du Semolei.
Notre toile témoigne d'un moment important de l'évolution de la peinture vénitienne, alors que Venise est confrontée à l'influence de la "maniera" de l'Italie centrale qu’elle intègre à sa propre tradition. Dans notre tableau, peint vers 1552-1553, Franco combine avec brio un sens de la composition monumentale romaine et un maniérisme typiquement vénitien, proche de celui d'un Andrea Schiavone ou de Giuseppe Salviati Porta. Par exemple, le coloris très vif, le luminisme vibrant, l'éclairage théâtral sont subtilement mêlés. "Et dans un tableau comme le "Christ devant Caïphe", passé chez Sotheby's en 1972 avec l'attribution correcte à notre peintre, le montre prêt à recevoir des impulsions même du jeune Paolo Véronèse, avec lequel, d'ailleurs, il présente aussi quelques affinités dans la gamme des couleurs claires et argentées" (Luciano Bellosi, op. cit.).