L'Enceinte des propriétaires, c. 1930-1935
Mercredi 15 juin 2022
par Raoul Dufy
Lot 110 - Raoul Dufy, (Le Havre, 1877-1953, Forcalquier), Enceinte des propriétaires, c. 1930-1935
Le pesage et les tribunes de l’hippodrome
Raoul Dufy
Raoul Dufy (Le Havre, 1877-1953, Forcalquier)
Enceinte des propriétaires
c. 1930-1935.Huile sur toile.
Signée du cachet Raoul Dufy en bas à gauche.
Haut. 36 Larg. 48 cm.
Provenance : collection de M. et Mme K., Touraine.
Cette œuvre sera incluse dans le supplément du “Catalogue Raisonné des Aquarelles, Gouaches et Pastels” actuellement en préparation par Madame Fanny Guillon-Laffaille. Un certificat de Madame Fanny Guillon-Laffaille sera remis à l'acquéreur.
LES COURSES LIBÈRENT LA LUMIÈRE ET LA COULEUR
À partir de 1923-1925, Dufy est préoccupé par la lumière et la couleur, au détriment de la structure et l’agencement des formes. Poiret l’initie alors aux courses hippiques. L’hippodrome devient pour lui le sujet idéal pour mettre en pratique sa théorie de la « lumière-couleur ». Les ombrelles, costumes, robes et autres chapeaux des riches propriétaires venus admirer leurs chevaux au pesage offrent à l'artiste une foule bariolée idéale. D'Ascot en Angleterre, à Longchamp en passant par Deauville, Dufy constate la même chose : lorsque la lumière s’étend parallèlement au sol, elle ne frappe l’objet présenté dans le sens vertical que d’un seul côté, laissant l’autre dans l’ombre.
Dufy choisit alors de faire venir la lumière des deux côtés, car il considère que « chaque objet possède son centre de lumière".
Il ajoute qu'il le "modèle vers ses bords où il atteint l’ombre pure ou reflétée avant d’aller atteindre le centre l’objet voisin ». C’est pour cela qu'on ne trouve jamais deux couleurs pures en contact dans toute œuvre de l'artiste. Comme une démonstration de sa théorie de la « lumière-couleur », Dufy établit une distinction entre le ton local et le ton ambiant. C'est-à-dire entre la couleur particulière d’un objet et la tonalité baignant l’ensemble. Il note dans ses carnets : « La couleur ambiante d’un tableau est déterminée par la couleur de l’objet qui est le principal motif du tableau.
En répandant le ton local sur la toile, je neutralise la couleur de l’objet et cette couleur ne personnifie plus tel ou tel objet, ainsi, pour les autres éléments du tableau, je me libère de la contrainte de l’imitation et le champ devient libre pour l’imagination de la couleur ». Dans cette toile qui est un véritable petit bijou, Dufy choisit précisément le moment électrisant de l’avant-course, où les foules s’entremêlent le plus, et où les ombres et couleurs se chevauchent.
Valentin de Sa Morais