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Zofia Stryjenska, une artiste pour la Pologne moderne

Jeudi 24 mars 2022

La Gazette Drouot, Philippe Dufour

Zofia Stryjenska (1891-1976), La Rôtisserie de la reine Pédauque, 1919-1920, série de cinq gouaches signées, datées, d’après le roman éponyme d’Anatole France (ici Le Mot doux de Catherine à la porte d’un carrosse, 29,7 x 36,5 cm).
Adjugé : 72 000 €

Célèbre dans son pays natal, la peintre s’est trouvée sous les feux de la rampe grâce à des œuvres totalement inédites, tout aussi rares que le grand morceau d’art asilaire, dû à Eugène B.


Découvertes dans un château de la région de Carcassonne, cinq gouaches ont affolé les enchères à Vendôme… Elles sont signées Zofia Stryjenska, que l’on peut considérer comme l’une des plus grandes artistes polonaises du XXe siècle. Née à Cracovie, elle fait son apprentissage dans sa patrie, puis à Munich avant de travailler à Varsovie ; en 1919-1920, elle effectue un premier séjour à Paris, fréquentant la bohème de Montparnasse. Mais c’est aussi l’occasion de répondre à une commande de l’éditeur Calman- Lévy, qui lui aurait demandé des illustrations pour le livre d’Anatole France, La Rôtisserie de la reine Pédauque. Ce sont elles qui viennent d’être retrouvées, illustrant : l’Irruption de l’abbé Coignard dans la rôtisserie (30 x 36,8 cm), Le Mot doux de Catherine à la porte d’un carrosse (29,7 x 36,5 cm), L’Enlèvement de Jahel par les sbires de Mosaïde (29 x 36,3 cm), la Réflexion au bord de la fontaine (29 x 37,5 cm) et le Sauvetage de l’abbé Coignard des griffes de Mosaïde (30 x 37 cm). Les cinq feuilles inédites ont été vivement disputées par de nombreux enchérisseurs polonais ; c’est une collectionneuse de Cracovie qui a emporté la série pour 72 000 €.

L’autre star de la journée s’appelait Eugène B., dit « le délirant chronique », personnalité psychotique évoquée dans la Gazette n° 10 (voir l'article Point de génie sans un grain de folie de la Gazette n° 10 page 124), à travers une composition décrivant le Symbole de mon histoire ou Filiation de la locomotive. Il s’agit de l’élément central d’une grande fresque réalisée vers 1927-1933 par cet interné, dans sa cellule de l’hôpital psychiatrique de Rouffach (Alsace), et sauvée par le surveillant-chef lors de travaux… avant de passer dans la collection du docteur Henri Faure (1923-1999), médecin psychiatre. Curieusement, ce n’est pas une institution spécialisée dans l’art asilaire qui s’est porté acquéreur du précieux unicum, mais un collectionneur privé français, en échange de 58 800 €.
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