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UNE COUPE EN CRISTAL POUR UNE TABLE DE FÊTE

Samedi 11 décembre 2021 à 07h

Cette semaine, Jacqueline et Jean-Claude d’Azé nous font parvenir la photographie d’une coupe qui pourrait bien être en cristal. Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, leur fait part de son avis.



Si l’or et les pierres précieuses détiennent la palme des matériaux les plus convoités, le cristal n’est pas très loin derrière… Divin à travers les vitraux, mystérieux comme la boule de cristal de Madame Irma, éclatant au son de la Castafiore, ou encore pompeux sous les lustres des Palais… Vous l’avez compris chers lecteurs, le cristal fascine !

Placée sur une table, votre coupe sur pieds présentait probablement les fameux biscuits de la Saint-Nicolas. Mais cette pièce n’a pas qu’une fonction utilitaire. D’une vingtaine de centimètres de haut et d’environ vingt-cinq centimètres de large, votre objet est décoré de godrons en frises et de pointes de diamant. C’est un travail du début du XXe siècle qui rappelle les créations des grandes cristalleries françaises : Baccarat, Le Creusot, Saint-Louis… Si cette coupe n’est pas signée, ce travail s’inspire cependant des modèles créés par Baccarat, la cristallerie aristocratiquement titrée le « cristal des Rois ».

Pour comprendre la différence entre le verre et le cristal, il faut rechercher dans notre passé. Pline l’Ancien au premier siècle avant Jésus Christ raconte que des marchands phéniciens bivouaquant sur une rive sableuse se sont servis de roche de carbone pour constituer le foyer de leur feu… Stupéfaction, le lendemain un résidu brillant et visqueux apparut : le verre ! Le cristal ou anciennement cristalo, lui, remonte au XVIIe siècle. En Angleterre et en Italie les verriers ont l’idée d’ajouter du plomb au sable qui sert à fabriquer le verre, afin d’obtenir une matière plus transparente, d’une densité plus importante et d’une dureté plus faible : le cristal. Avec cette nouvelle technique, les possibilités de taille et de gravure sont accrues !

Un magasin est ouvert à Paris en 1804 par Marie Desarnaud, au n°162 des galeries du Palais royal, pour exposer les plus belles pièces. Il est bien nommé : « L'Escalier de cristal ». La qualité de ses créations est unanimement célébrée lors des expositions des produits de l’industrie française. Pour s’en faire une idée, je vous invite à aller admirer, au Louvre, la table de toilette de la duchesse de Berry.

À l’image de cette coupe, les créateurs du début du XXe siècle ont tendance à réaliser des pièces massives. Baccarat, qui fournit les cours royales du monde entier, pousse l’exercice à son maximum. En 1930, le plafond du Maharadjah de Gwalior en Inde s'écroule d’ailleurs sous le poids de son lustre Baccarat ! Un an plus tard, il commande à la cristallerie française un nouveau lustre et teste la solidité du plafond destiné à l’accueillir en faisant hisser le plus lourd de ses éléphants !

Réservé un temps à la bourgeoisie, le cristal se retrouve facilement dans tous les intérieurs au fil des XIXe et XXe siècles, à l’instar de l’objet présenté aujourd’hui. Sachez que depuis 1971, dans l’ensemble de la Communauté européenne, le terme « cristal » est réservé au verre contenant au minimum 24% de plomb. Votre coupe en cristal dans le goût de Baccarat n’est donc pas un modèle unique et peut être estimée autour de 50 euros. Mais après la Saint-Nicolas, elle continue d’être un formidable présentoir pour magnifier votre table, laquelle devrait prochainement rassembler toute la famille au moment de Noël et des fêtes de fin d’année !
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