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Ste Jeanne d'Arc en couleurs

Samedi 25 avril 2015

Cette semaine, Bernard, de Montrichard s’interroge sur l’authenticité d’une « planche » découverte dans son grenier qui figure 13 scènes de la vie de Ste Jeanne d’Arc. Maître Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, lève le voile.

Mercredi débuteront les Fêtes Johanniques d’Orléans avec la commémoration de l’entrée de la Pucelle dans la ville, par la porte de Bourgogne, le 8 mai1429. Cette entrée marque le début de la libération d’Orléans, alors assiégée par les Anglo-Bourguignons. Un épisode orléanais figure sur l’œuvre de notre lecteur : la prise du fort des Tourelles. Saisissant une échelle, Jeanne, lance elle-même l’assaut du fort en criant « Tout est vostre, et y entrez ! ». Elle sera blessée à l’épaule.

Parmi les autres scènes de l’épopée représentées ici, citons la reconnaissance à Chinon, la victoire de Patay, le couronnement de Charles VII, son procès, ou encore son martyr. Chaque vignette est numérotée et légendée, en partie inférieure du document. D’autres représentations de la vie de Ste Jeanne d’Arcadoptant une forme similaire nous sont connues, à l’image des miniatures desVigiles de Charles VII, datant de la fin du XVe siècle. Mais il ne s’agit malheureusement pas ici d’un rare manuscrit enluminé…

Bernard ne sait pas s’il setrouve face à une peinture ou à une reproduction. Mais ce n’est pas une œuvre originale ! Nous sommes face à ce que l’on nomme une chromolithographie,du grec khrôma, couleur,lithos, pierre et gráphô, écrire, dessiner. Ce procédé d’impression en couleurs se perfectionne au cours du XIXe, si bienqu’il va être largement utilisé, dans tous les domaines, et notamment dans l’industrie. Tout en agrandissant, une œuvre préparatoire de petites dimensions peinte à la gouache, le graveur la reproduit sur de la pierre calcaire polie,avec un crayon gras et des couleurs fraîches. Une pierre par couleur, que l’imprimeur passe ensuite sous une presse bien réglée en faisant attention de caler, ajuster le papier.
Rapide, bon marché et offrant des résultats de qualité, on le retrouve partout. La publicité s’en empare : affiches, calendriers, images à collectionner, emballages de produits alimentaires… Les images religieuses, les cartes postales et les reproductions d’œuvres d’art n’y échappent pas non plus. Bientôt, les salles de classe s’ornent des grandes cartes géographiques de Vidal de La Blache et des planches botaniques de chez Deyrolle. D’autres affiches pédagogiques sont punaisées sur les murs.Notamment du fait de ses grandes dimensions – 90 x 70 cm – il nous est permis de penser que la « chromo » de Bernard était destinée à l’instruction de nos petites têtes blondes. Comptez une vingtaine d’euros en brocante.

La figure de la Pucelle est l’objet de nombreuses récupérations, et ce, bien avant sa canonisation en 1920.Sainte de l’Église Universelle, libératrice et Patronne secondaire de la France, elle est aussi un personnage ridicule chez Voltaire, une féministe de la première heure pour les suffragettes, une sorcière doublée d’une fille à soldats chez Shakespeare ou encore une incarnation de la Nation française pour Michelet.
Quoiqu’il en soit, c’est notre héroïne nationale qui sera célébrée du 29 avril au10 mai à Orléans, « Tout est vostre, et y entrez ! ».
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