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le chef du chevalier de La Barre, XVIe siècle

Mardi 05 janvier 2021

par le cabinet Sculptures et Collections

École Tourangelle du 1er tiers du XVIe siècle, Portrait présumé de Jean de La Barre. Pierre calcaire et panache de bois polychrome. Haut. 62, Prof. 57 cm.
Charles Seurre (1798–1858), Statue équestre de Louis XII, en remplacement de l’original de Guido Mazzoni, Blois, Château de Blois.
Jean Marot, Le Voyage de Gênes, enluminures attribuées à Jean Bourdichon. Tours, vers 1500-1520.

LE CHEF DU CHEVALIER DE LA BARRE

Cette tête de chevalier présente un magnifique casque empanaché tel que le portaient les officiers royaux lors des guerres d’Italie sous Louis XII et François 1er et comme en témoignent les célèbres enluminures de Jean Bourdichon dans l’ouvrage de Jean Marot, le Voyage à Gênes relatant l’expédition du roi Louis XII contre Gênes en 1507.

Cette œuvre conservée jusqu’à présent au château de Véretz pourrait être l’unique vestige d’une statue équestre qui fut détruite à la Révolution. Notre tête serait donc un des rares témoignages de cette typologie d’œuvres annonçant la Renaissance en France.

Un certain nombre d’érudits des XIXe et XXe siècles l’ont décrite et l’ont identifiée comme étant les portraits des rois Charles VIII, François Ier, enfin du seigneur Jean de la Barre.

Jean de la Barre, récupère en effet la seigneurie de Véretz, cédée par la famille de la Trémoïlle sous le règne de Louis XII, époque pour laquelle il n’existe pas d’informations connues sur sa vie. C’est à partir de l’avènement de François Ier qu’il se distingue par son éblouissante carrière d’officier de la Couronne. Il est nommé Premier maître de la Garde-robe et Premier gentilhomme de la Chambre. Il détient depuis deux années la charge de Prévôt de Paris lorsqu’il suit le roi dans sa conquête du Duché de Milan lors de la sixième campagne d’Italie. Il vit auprès de son souverain la cuisante défaite de la bataille de Pavie le 24 février 1525. Il est témoin de l’acte d’abdication que François Ier signe dans sa prison madrilène, avant de rentrer à Paris en mars 1526. Son retour en France est marqué par des faveurs royales : Jean de la Barre reçoit le comté d’Étampes « en reconnaissance de ses services » le 3 avril 1526. ll est ensuite nommé Lieutenant de Paris en l'absence du Marquis de Saluces puis Gouverneur de Paris en 1528. Il finit sa fulgurante et prestigieuse carrière avec les titres suivants : comte d’Étampes, vicomte de Bridiers, baron de Véretz, seigneur de La Barre, de Villemartin, du Plessis-lès-Tours, de la Subterrane, de Coez et de Jouy-en-Josas.

Son ascension sociale nécessitait d’être marquée, à l’instar des dignitaires de haut rang de cette période, par une action visible et admirable par tous. À l’instar du roi bâtisseur et ami des arts, Jean de la Barre rénove avec soin son château de Véretz, bénéficiant à n’en point douter d’appuis auprès du cercle culturel et artistique du souverain. Inspiré par les embellissements des résidences royales d’Amboise et de Blois, voisines de son domaine, il transforme sa bâtisse féodale en belle demeure de la Renaissance. Est-ce le mimétisme de rang qui l’encourage à commander une sculpture équestre le représentant en habit militaire ?

Cette statue équestre marque son intérêt pour un type de monument remis au goût du jour par Donatello au milieu du XVe siècle. Donatello avait en effet réintroduit la grandeur du portrait équestre classique mais en l’octroyant pour la première fois à un héros militaire et non à un prince. Le Condottiere Gattamelatta, chef des armées vénitiennes, était vêtu à l’antique, le sculpteur s’étant probablement inspiré de la statue de Marc Aurèle à Rome et du Regisole de Pavie. Cette célèbre sculpture antique du Regisole exposée dans la ville de la défaite a-t-elle pu être admirée par Jean de la Barre avant la bataille finale ? A-t-il eu connaissance de dessins du saisissant modèle du Monument Sforza réalisé par Léonard de Vinci à Milan et endommagé par les troupes françaises en 1499 ?

Plus proche de son domaine, la statue équestre de Louis XII exécutée par l'artiste italien Guido Mazzoni, dit Paganino après 1507 et placée au-dessus de la porte d’entrée du château de Blois a pu être admirée et devenir une source d’inspiration pour le chevalier qui commande son portrait à un artiste de la région.

ÉCOLE TOURANGELLE, PREMIER TIERS DU XVIe SIÈCLE

Portrait présumé de Jean de la Barre, seigneur de Véretz et comte d’Etampes (ca 1480 -1534)

Tête en pierre calcaire et panache en bois sculpté, traces de polychromie, probable partie supérieure d’une statue équestre.

Dim. totale : Haut. 62 Prof. 57 cm.
(Accidents, manques et restauration).

Provenance :
Famille Drake del Castillo, par descendance, château de Véretz.

Portrait of the knight of La Barre in limestone and carved wood plume made by a Touraine school in the first third of the 16th century.

Œuvres en rapport :
- Charles Seurre (1798–1858), Statue équestre de Louis XII, en remplacement de l’original de Guido Mazzoni, Blois, Château de Blois.
-Jean Marot, Le Voyage de Gênes, enluminures de Jean Bourdichon, Jean Marot, Le Voyage de Gênes, enluminures attribuées à Jean Bourdichon. Tours, vers 1500-1520. Manuscrit à peinture, 310 x 210 mm, BnF, département des Manuscrits, Français 5091, fol. 3

Bibliographie :
- P. C. Aubry, Le Pétrarque Français. Poésies diverses de P. C. A. Seconde édition, A. Mame, Tours, 1800, p.226 ;
- J.J. Bourrassé, « les châteaux », in La Touraine, histoire et monuments, A Mame, Tours, 1855, p.478 ;
- J.M. Gassier, Histoire de l'abbé de Rancé et de sa réforme composée avec ses écrits, ses lettres, ses règlements et un grand nombre de documents contemporains inédits ou peu connus, Vol.1, 1866, p.69 ;
- « Article Barre (Jean de la) », in Mémoires de la Société archéologique de Touraine, vol. 27, Société archéologique de Touraine, 1878, p.139 ;
- « Section Architecture », in Mémoires de la Société archéologique de Touraine , vol. 33, Société archéologique de Touraine, 1885, p.XLV ;
- Paul Vitry, Michel Colombe et la sculpture française de son temps, Librairie centrale des Beaux-Arts, 1901, p.172;
- Compte rendu par Lefèvre-Pontalis, « M. l'abbé Bossebœuf, Le Château de Véretz, son histoire et ses souvenirs», in Bulletin monumental, 1903, pp.447-449, p.448.
- Henri Carré, La Noblesse française et l’opinion publique au XVIIIème siècle, Slatkine Reprints, Genève, 1977, p.70
- Ss dir Béatrice de Chancel-Bardelot, Tours 1500, Capitale des arts, cat exp tenue du. 17 mars au 17 juin 2012 à Tours, édition Somogy/musées des beaux-arts Tours, 2012, p.179.
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