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Un Monet Japonais chez les Rouillac

Jeudi 11 mars 2021

Le Quotidien de l'Art, Rafael Pic

De gauche à droite : Aymeric Rouillac, Emmanuel Denis, le maire de Tours, Hélène Jagot, la conservatrice du musée des Beaux-Arts, Philippe Rouillac.
De gauche à droite : Aymeric Rouillac, Emmanuel Denis, le maire de Tours, Hélène Jagot, la conservatrice du musée des Beaux-Arts, Philippe Rouillac.

C'est le tableau qui voit basculer la carrière de Monet – ou presque. Fin 1881, le peintre de 41 ans est au bout du rouleau : pas de clients, pas d'argent pour payer son loyer, et les cancaneries des habitants de Poissy face à sa liaison avec Blanche Hoschedé. Il se réfugie dans la peinture et cette vue de Dieppe, où l'on distingue les clochers des églises et le port en arrière-plan dans des dégradés de bleu et de vert, fait partie de la série réalisée à l'hiver 1882, véritable ligne de partage des eaux : grâce à l'entregent de Durand-Ruel, la situation financière du peintre va ensuite s'améliorer très rapidement.

Cette huile sur toile a été présentée hier en grande pompe par la maison Rouillac comme le fleuron de sa future garden-party du château d'Artigny, la 33e du genre, le 6 juin prochain. Il faut dire que Monet se fait rare dans son pays – « seulement 14 sont passés en vente en France sur 450 adjudications recensées depuis 2010 », rappelait Aymeric Rouillac. Cette œuvre, conservée par l'artiste jusqu'à sa mort, présentée à l'exposition du centenaire chez André Weil en 1940, a passé ensuite un demi-siècle en Amérique (1945-1996) avant de devenir la propriété d'un collectionneur japonais. Pas d'estimation mais « une mise à prix symbolique à 1 million d'euros », précisait son père Philippe Rouillac, qui a déjà un Monet à son tableau de chasse avec des Falaises d'Étretat vendues 16 millions de francs en 1999.

La présentation de ce qui pourrait bien devenir la 14e enchère millionnaire de la maison de Vendôme et de Tours, accompagnée d'un catalogue numérique Artmyn, s'est effectuée devant la presse dans des circonstances particulières : au musée des Beaux-Arts (qui conserve les deux célèbres prédelles de Mantegna et une petite Fuite en Égypte de Rembrandt), en compagnie de sa nouvelle conservatrice, Hélène Jagot, et du nouveau maire de la ville, Emmanuel Denis, qui a sauté sur la proposition pour redonner vie au musée désespérément vide depuis quatre mois. « Drôle d'époque que celle où on a besoin de deux commissaires-priseurs pour rouvrir le musée », a-t-il dit en forme de boutade, ajoutant qu'il n'avait pas envie de le refermer et qu'il s'apprêtait à lancer une invitation à Roselyne Bachelot et à la préfète pour une visite le premier jour du printemps.

RAFAEL PIC rouillac.com
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