La Libération de Marc Chagall
Dimanche 29 novembre 2020
Interenchères, Diane Zorzi
un chef-d’œuvre autobiographique en vente à Tours
A l’occasion de la quatrième édition de leur vente annuelle « arts + design » organisée en live le 5 décembre avec le CCC OD de Tours, la maison Rouillac présente aux enchères une étude émouvante sur toile de Marc Chagall. Révélant les prémisses de l’un de ses chefs-d’œuvre autobiographiques, Libération, elle dévoile l’univers enchanteur si caractéristique de l’artiste qui, pour mieux échapper à la trivialité du quotidien, rêvait en peinture d’un monde plus poétique.
« J’ai vu beaucoup de pays. J’ai pris diverses routes du monde à la recherche des couleurs et de la lumière. Je me suis élancé vers une certaine observation des idées, des rêves. Mais sur ce chemin, je me suis cogné. J’ai trouvé des guerres, des révolutions, et tout ce qui les accompagne. » Si les œuvres de Marc Chagall dépeignent un univers enchanteur où des couples d’amoureux tenant en apesanteur rencontrent des chèvres ailées, des anges trompettistes ou des coqs affublés de vêtements, elles content le parcours d’un artiste exilé, fuyant tour à tour un régime soviétique profondément antisémite et une Europe tourmentée par la Seconde Guerre mondiale et le drame de la Shoah – Chagall signifie il marchait, en russe. En 1937, l’artiste peint un triptyque monumental commémorant les vingt ans de la révolution russe, et s’achevant sur une note d’espoir : Libération. Dernière toile d’un cycle sobrement intitulé Révolution, elle est finalement retravaillée en 1943 alors que le peintre est exilé aux Etats-Unis, avant d’être repeinte au sortir de la guerre, en 1952. De cette œuvre, conservée aujourd’hui au musée national Marc Chagall, l’étude, découverte en Touraine par la maison Rouillac, en révèle les prémisses, dévoilant de larges coups de brosse, dans le style rapide et expressionniste des jeunes peintres américains que Chagall côtoya lors de son exil aux Etats-Unis.Les souvenirs de Vitebsk de Marc Chagall
Eloigné de sa terre natale, l’artiste franco-russe fait revivre avec cette toile autobiographique la Vitebsk de son enfance – derniers souvenirs de sa culture yiddish et d’une vie paisible en communion avec la nature. Autour d’un cercle rayonnant, dont au centre une tâche rouge palpite comme un cœur, des personnages, au-dessus desquels flotte le drapeau rouge révolutionnaire, tournoient au rythme d’un orchestre klezmer, mené par un violoniste, accompagné d’une contrebasse. Virevoltant au-dessus des toits d’une maison, un couple de mariés enlacés amoureusement participe à la fête : ce n’est autre que Marc et son épouse Bella, ainsi que l’indique l’artiste en parant l’amant du même costume violet qui habille plus haut la figure du peintre à son chevalet – le créateur, comme souvent chez Chagall, endosse le rôle de l’artiste-prophète, porteur d’un message universel.[Détails] Marc Chagall, (Franco-Russe, 1887-1985), « Libération », étude, 1952. Huile et encre de Chine sur toile. Cachet de la succession Marc Chagall en bas au centre. H. 47,5 L. 29 cm. Estimation : 280 000 – 320 000 euros.