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Adjugé vendu : Les Rouillac ne perdent pas le coup de marteau

Mardi 06 octobre 2020

37°, Mathieu Giua

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Quand on pense vente aux enchères en région Centre-Val de Loire, le nom Rouillac ressort forcément rapidement. La maison fondée en 1983 par Philippe Rouillac est en effet une référence qui cultive son histoire et sa notoriété avec faste. En témoigne la dernière « Garden Party », leur célèbre vente annuelle au château d’Artigny qui s’est tenue dimanche et lundi dernier.

Philippe et Aymeric Rouillac, le père et le fils, deux noms indissociables au service d’une seule maison. Entre Vendôme et Tours, leurs deux fiefs, les Rouillac ne cessent de faire parler d’eux en région Centre-Val de Loire. Une réputation qui dépasse d’ailleurs les limites régionales. Il faut dire que dans le monde feutré des commissaires-priseurs, les Rouillac détonnent par leur style, à la fois dans la tradition et à contre-courant.

Aymeric et Philippe Rouillac

C’est en 1983 que Philippe Rouillac a créé sa maison d’enchères, rejoint à la fin des années 2000 par son fils Aymeric. Une histoire familiale qu’ils avaient raconté dans un beau livre retraçant leur parcours et leur métier en 2019. L’art du storytelling est un plus dans leur métier assurément, permettant de cultiver sa réputation. Une réputation qui tient en revanche moins au style qu’au professionnalisme et à l’art de dénicher et trouver des pièces rares qui feront s’envoler les enchères. A leur tableau de chasse : une dizaine d’enchères millionnaires, les seuls dans ce cas en Province, mais aussi des pièces rares à l’instar du vase chinois en porcelaine de l’époque Qianlong (18e siècle) mis en vente à l’occasion de la 32e « garden party » dimanche dernier. Oui mais parfois cela ne suffit pas et une vente aux enchères reste un temps avec ses imprévus et ses aléas. Pour ce vase, pourtant présenté comme le chef d’œuvre de cette vente et mis à prix à 300 000 euros, un manque d’enchères a conduit les Rouillac à le retirer de la vente. Il sera donc reproposé ultérieurement.

Au téléphone des acheteurs de Paris, d’Angleterre, des Etats Unis ou encore de Chine…

Pendant deux jours, dans le cadre prestigieux du château d’Artigny qui accueille depuis 2015 une fois par an la grande vente aux enchères des Rouillac, les coups de marteau se sont pourtant succédé. Dans la salle : des collectionneurs, des professionnels mais aussi quelques curieux et amateurs. Si certains de ces derniers tenteront plus par le plaisir de se prendre au jeu à quelques enchères, ils baisseront rapidement leurs mains face aux professionnels et habitués de cet exercice suivi par une centaine de personnes dans la salle mais aussi à travers le monde, en live sur internet ou par le biais de membres de l’équipe des Rouillac, assis en fond de salle, téléphones à l’oreille à commenter et valider des ordres venant de Paris, d’Angleterre, des Etats Unis ou encore de Chine…

Dans la salle, le public a pu plus tôt regarder de près les œuvres proposées lors de leur exposition. Chacun a coché ses options et attend le lot qui lui plaît. Certains n’hésitent pas à enchérir sur plusieurs lots mais rares sont ceux qui réussissent à remporter plusieurs enchères de suite. Devant eux, Aymeric Rouillac, marteau en main, garde toujours le bon mot, se déplace dans la salle, regarde de tous les côtés pour faire monter les enchères ce qui est Le but de la journée, à la fois pour les propriétaires, mais aussi pour les commissaires-priseurs qui appliquent des frais à hauteur de 24% du prix de la vente. « 10 500 à ma droite ici à Artigny, au téléphone qui dit 11 000 ? Oui 11 000 devant. 11 000. 11 500 ? Monsieur vous suivez ? Non. Merci pour vos enchères. Qui propose 11 500 ? » Voici le genre de phrases qui rythme sans cesse cette vente de plus de 5 heures.

Un tableau vendu 660 000 euros

Les connaisseurs ne se laissent pas manipuler pour autant. Lot 197, un lingot d’or d’1 kg de 1968 est proposé à la vente. La mise initiale est de 20 000 euros, à notre droite, notre voisin est venu en grande partie pour ce lot. Il lève la main aussitôt. Au téléphone les prix grimpent. Au-delà de 35 000, notre voisin abandonne. « L’an dernier cela se négociait à ce prix-là, là ça va finir vers 47 000 c’est le prix que ça vaut cette année » nous glisse-t-il. L’enchère se termine à 47 300 euros chez un professionnel parisien, certainement pour le fondre. Notre voisin ne s’était pas trompé.

Il en va ainsi pour les bijoux, les meubles ou les tableaux proposés. A chaque enchère, une estimation est donnée dans le catalogue, mais les prix peuvent s’envoler. Ce lundi ce fut le cas avec le lot 166, une bague diamant en forme de cœur : Mise initiale : 30 000 euros, prix estimé : 70 000 et vente finale à 160 000 euros. Un joli coup mais pas le plus beau du week-end. En effet, si le vase Qianlong n’a pas été vendu, les Rouillac ont vendu un médaillon offert par Louis XIV a un corsaire malouin à 500 000 euros. Une belle vente qui leur a offert en plus les titres de la presse. Et ce n’est pas la plus grosse vente, puisque le tableau de Louis Gauffier représentant La cueillette des oranges (XVIIIe siècle) s’est adjugé à 660 000 euros. De quoi faire claquer le marteau avec joie pour le commissaire-priseur.
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